Hong Kong : deux organisations de défense de la liberté de la presse constatent une détérioration de la situation des journalistes

PHOTO: NICOLAS ASFOURI / AFP

Dans deux rapports distincts publiés cette semaine, l'Association des journalistes de Hong Kong (HKJA) et le Club des correspondants étrangers de Hong Kong (FCCHK) mettent en lumière la détérioration de la situation des journalistes et de la liberté de la presse dans le territoire.

La liberté de la presse poursuit son déclin à Hong Kong après quatre années consécutives de recul.  C’est ce que déclare une écrasante majorité des 249 journalistes interrogés (91 %) dans le rapport annuel de l'Association des journalistes de Hong Kong (HKJA) publié ce 7 juillet, en coopération avec l'Institut de recherche sur l'opinion publique de Hong Kong,  “Les attaques incessantes contre les journalistes de la part du gouvernement, montrent que Hong Kong n’est plus un espace ouvert aux voix critiques, alerte la HKJA. L'industrie des médias va finir par succomber sous ces pressions répétées. Cela va directement affecter l’accès du public à des informations riches et variées.” Les professionnels de l’information déplorent en effet s’autocensurer davantage, en particulier sur des sujets relatifs au  gouvernement central chinois.



Cette dégradation des conditions de travail des journalistes au cours des 18 derniers mois est aussi dénoncée dans l’enquête du Club des correspondants étrangers de Hong Kong (FCCHK) publiée le 5 juillet 2023. Une grande majorité des 66 répondants considèrent que leur environnement de travail a "changé pour le pire" (83 %). Trois personnes sur quatre (73 %) se disent "préoccupées" par la possibilité d'être arrêtées ou poursuivies en raison de leur travail journalistique. Neuf déclarent aussi avoir fait l'objet d'une surveillance électronique ou physique. Les journalistes signalent enfin une difficulté croissante à accéder aux sources, moins enclines à être citées ou à aborder des sujets jugés sensibles.

“En Chine continentale, les journalistes sont constamment confrontés au harcèlement, à la surveillance et à un accès limité aux sources ; et le fait que ces problèmes se soient aujourd’hui étendus à Hong Kong est véritablement inquiétant. Nous appelons les démocraties à renforcer leur pression sur le gouvernement pour qu'il rétablisse pleinement la liberté de la presse dans le territoire.

Cédric Alviani
Directeur du bureau Asie de l'Est de RSF

En juin, après la levée des dernières restrictions liées à la Covid-19 à Hong Kong, une délégation de Reporters sans frontières (RSF) s’est rendue en mission dans le territoire pour y évaluer les besoins des journalistes en termes de sécurité et pour renforcer les programmes de formation et d’assistance d’urgence mis en place par l’organisation. Leurs échanges avec plusieurs dizaines de journalistes, correspondants étrangers et experts des médias issus de diverses organisations corroborent le fait que les pressions exercées par le gouvernement se sont intensifiées, qu’il est de plus en plus difficile d’accéder aux sources, et qu’il existe une progression inquiétante de l'autocensure.

Au cours des trois dernières années, dans la lignée de la croisade contre le journalisme menée par le dirigeant chinois Xi Jinping, le gouvernement de Hong Kong a poursuivi au pénal au moins 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont 13 sont toujours détenus. Les autorités ont aussi fermé de force les quotidiens indépendants Apple Daily et Stand News, tandis que six autres médias n'ont eu d'autre choix que de se saborder sous la pression.



Le territoire de Hong Kong est classé 140e dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 publié par RSF, alors qu’il occupait la 18e place deux décennies plus tôt. La Chine, pour sa part, est au 179e rang sur 180 pays et territoires évalués.

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