Hommage au journaliste afghan Sultan Munadi

"Il représentait le meilleur de l'Afghanistan. C'était un honneur de travailler avec lui. Il était un journaliste, un collègue et un être humain extraordinaire", a affirmé David Rohde, reporter du New York Times kidnappé en novembre dernier près de Kaboul, en hommage au reporter afghan Sultan Munadi. Ce dernier a été tué le 9 septembre au matin, lors de l'opération commando dans le nord de l'Afghanistan qui visait à libérer le reporter britannique Stephen Farrell. Sultan Munadi était marié et père de deux enfants. Sur le blog At War du New York Times, animé par Stephen Farrell, le journaliste afghan avait livré un témoignage personnel : http://atwar.blogs.nytimes.com/2009/09/02/hell-no-i-wont-go/ Contactés par Reporters sans frontières, des journalistes afghans proches de Sultan Munadi ont exprimé leur tristesse et leur incompréhension après la mort de leur collègue. Reporters sans frontières demande aux autorités britanniques d'ouvrir une enquête sur les circonstances de l'assaut militaire qui a coûté la vie à Sultan Munadi. "Dans une affaire de kidnapping, toutes les options doivent être retenues, mais le drame qui s'est déroulé ce matin dans le nord de l'Afghanistan pose de nombreuses questions. Bien entendu, les taliban portent la principale responsabilité pour avoir mis en danger les journalistes en les kidnappant", a déclaré l'organisation. Au moins 16 journalistes afghans et étrangers ont été kidnappés en Afghanistan depuis janvier 2002. Stephen Farrell l'avait déjà été en Irak. Le directeur général du New York Times, Bill Keller, a déclaré : "Nous sommes très heureux que Steve soit libre, mais extrêmement tristes que sa liberté ait eu un tel coût." Le quotidien américain affirme ne pas avoir été informé de l'opération militaire visant à libérer les journalistes. A la demande du New York Times, Reporters sans frontières n'avait pas communiqué sur l'enlèvement des deux hommes. Des commandos britanniques ont attaqué la maison où se trouvaient prisonniers des taliban les journalistes Stephen Farrell et Sultan Munadi. Les deux hommes ont réussi à quitter le bâtiment lors de l'assaut. Entendant des voix britanniques, Sultan Munadi est sorti de sa cachette en criant "Journaliste, journaliste". Il a été touché par une rafale dont on ne connaît pas l'origine. Il s'est écroulé sans vie à côté de Stephen Farrell, resté caché. Sultan Munadi avait travaillé pour le New York Times à partir de 2002, avant de coordonner des programmes pour des radios afghanes, notamment Good Morning Afghanistan. Il était ensuite parti étudier en Allemagne. Il avait accepté d'accompagner Stephen Farrell dans la région de Kunduz comme free-lance, pour enquêter sur la mort de 90 Afghans lors d'un bombardement de l'OTAN. Un soldat britannique, des civils afghans et des taliban ont également été tués dans ce raid. Les journalistes afghans payent un lourd tribut pour leur collaboration avec la presse étrangère. Sultan Munadi est le quatrième Afghan tué depuis 2001, après Jawed Ahmad, Abdul Samad Rohani et Adjmal Nashqbandi. Plusieurs autres ont été agressés, détenus ou contraints de quitter le pays. voir l'hommage rendu par Davd Rohde: http://www.nytimes.com/2009/09/10/world/asia/10munadi.html?_r=1&hpw
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Updated on 20.01.2016