Harcèlement de journalistes gambiens en exil : Reporters sans frontières saisit le ministre de l'Intérieur
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Dans une lettre datée du 13 mars 2008, Reporters sans frontières a saisi le ministre sénégalais de l'Intérieur, monsieur Ousmane Ngom, de "la présence de membres des forces de sécurité gambiennes sur le territoire du Sénégal, qui conduisent des opérations d'intimidation à l'encontre de journalistes en exil".
Parmis les récents épisodes rapportés par l'organisation dans sa lettre, la tentative d'intimidation de Yahya Dampha, ancien journaliste du quotidien Foroyaa et collaborateur d'Amnesty International, est particulièrement préoccupante. Le 10 mars 2008, trois hommes se sont présentés à son domicile dakarois et l'un d'eux, nommé Habib Drammeh, l'a questionné : "Tu ne travailles pas pour Amnesty International ? Nous savons que tu travailles encore pour Amnesty International. C'est pour cela que nous voulons discuter de quelque chose avec toi." Yahya Dampha a refusé de les suivre et l'intervention de ses voisins a contraint les trois hommes à s'en aller.
Reporters sans frontières énumère également plusieurs cas de "menaces et de surveillance de journalistes exilés au Sénégal" depuis plusieurs années, comme celui de Musa Saidykhan, ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé The Independent, qui a été, à plusieurs reprises, l'objet d'appels anonymes et de filatures à Dakar. De même, des membres des forces de sécurité gambiennes se sont informés sur Mohamed Oury Bah, ancien journaliste libérien de The Independent, qui a fui la Gambie début 2008 après avoir été plusieurs fois arrêté et menacé par les services de renseignements. En 2007, Isatou Jagne, ancienne employée du quotidien gambien The Point et témoin oculaire de l'assassinat, le 16 décembre 2004, de Deyda Hydara, correspondant de l'AFP et de Reporters sans frontières, a également fait l'objet de menaces téléphoniques.
L'organisation a donc décidé de saisir monsieur Ousmane Ngom, "avant qu'un enlèvement ou un assassinat ne lui soit rapporté". Elle estime que "ces incidents répétés et ce climat de peur imposé par la NIA (National Intelligence Agency, les services de renseignements gambiens, ndlr), sur le territoire sénégalais sont suffisamment inquiétants pour que le ministère de l'Intérieur prenne des mesures sérieuses pour les faire cesser".
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Updated on
20.01.2016