Hécatombe à Quetta, kidnapping à Islamabad
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Le niveau de violence auquel sont confrontés les journalistes pakistanais est absolument inacceptable. Les événements de ces derniers jours qui ont coûté la vie à deux professionnels des médias et ont vu un journaliste d'investigation être kidnappé à Islamabad, nécessitent une réaction des autorités et de la communauté internationale.
Un cameraman de Samaa TV et un chauffeur de la chaîne Aaj News ont été tués lors de l'attentat suicide qui a coûté la vie à 59 personnes le 3 septembre 2010 à Quetta. Six autres journalistes ont été sérieusement blessés par l'explosion ou par les actes de revanche des manifestants visés par l'attentat.
Le lendemain, un journaliste d'investigation du journal The News a été kidnappé, maltraité et humilié pendant plusieurs heures par des hommes armés dans la capitale fédérale. Des agents des services de sécurité pourraient être à l'origine de cet incident.
"Alors que le pays est confronté à des inondations catastrophiques qui nécessitent la mobilisation de tous, les terroristes djihadistes et certains éléments des services de sécurité continuent à s'en prendre aux civils, et notamment à la presse. Cette attitude criminelle et ses méthodes de voyous dépassent l'entendement", a affirmé Reporters sans frontières.
Hécatombe à Quetta
L'attentat suicide contre des chiites lors d'une manifestation pro-palestinienne et les fusillades qui ont suivi, ont provoqué la mort de Ejaz Raisini, cameraman de la chaîne Samaa TV, et Muhammad Sarwar, chauffeur du véhicule de retransmission de la chaîne Aaj News, à Quetta (capitale du Baloutchistan). Un groupe djihadiste Lashkar-e-Jhangvi, lié à Al-Qaida, a revendiqué cette attaque.
Six autres journalistes ont été gravement blessés : Fateh Shakir de Dawn News, Mustafa Tareen de ARY News TV, Noor Elahi Bugti de Samaa TV, Irshad Mastoi de Express News TV, Shahid Mukhtar de Express News et Imran Mukhtar de Geo TV.
Selon les témoignages de journalistes présents sur les lieux de l'attentat, plusieurs journalistes ont été blessés par l'explosion, mais d'autres ont été touchés par des tirs de manifestants chiites qui se sont retournés contre la presse. Ainsi le chauffeur de Aaj News a été atteint à la poitrine par deux tirs d'arme automatique. "Il a été tué à bout portant par des manifestants déchaînés qui ont attaqué les véhicules des chaînes de télévision présents sur les lieux", ont expliqué à l'organisation des reporters de Quetta qui ont souhaité resté anonymes.
Ejaz Raisini, âgé de 30 ans, est le troisième journaliste de Samaa TV tué dans un attentat suicide. Il est mort de ses blessures le 6 septembre dans un hôpital militaire où sont soignés les autres blessés graves.
Reporters sans frontières et la PFUJ ont lancé un appel contre les attentats suicides qui placent les journalistes dans une situation d'extrême vulnérabilité : http://fr.rsf.org/pakistan-appel-mondial-des-journalistes-et-10-05-2010,37429.html
Kidnapping à Islamabad
Le 4 septembre 2010, Umar Cheema, journaliste d'investigation du quotidien The News, a été enlevé, torturé et humilié pendant plusieurs heures par des hommes en uniformes. Avant de le relâcher, les kidnappeurs l'ont averti que ses écrits pouvaient lui causer de "sérieux problèmes".
Nous adressons un message fort de soutien à Umar Cheema et à la rédaction de The News qui se retrouve encore une fois menacée de la pire des manières. "Ceux qui ont commis ces actes dégradants ne sont pas dignes de porter l'uniforme de l'armée pakistanaise et doivent être sanctionnés au plus vite", a affirmé Reporters sans frontières qui a demandé des explications sur cet incident à Athar Abbas, directeur du service de communication de l'armée (ISPR).
Selon son propre récit, le journaliste a été a été intercepté à Islamabad par des hommes "bien entraînés" qui l'ont battu, déshabillé, rasé les cheveux, pendu par les pieds et les mains dans un lieu inconnu, puis jeté sur le bord d'une route près de Talagang, à 120 kilomètres de la capitale. Avant de le libérer, ce commando mystérieux a menacé Ansar Abbasi, chef de la section d'enquête de The News, d'être la prochaine victime.
Déjà, en 2004, Umar Cheema avait été renversé délibérément par un véhicule alors qu'il enquêtait sur le secteur du nucléaire au Pakistan.
Le quotidien The News, affilié au groupe Jang, est très critique à l'encontre du président Asif Ali Zardari. Ses journalistes sont régulièrement menacés, tandis que l'Etat a cessé de faire paraître des publicités dans les publications du groupe.
Publié le
Updated on
20.01.2016