Guinée-Bissau : RSF demande aux autorités de ne pas s’ingérer dans le traitement de l’information de la télévision nationale
La rédaction de la télévision nationale Télévision de Guinée-Bissau (TGB) est en grève pour exiger la fin des ingérences politiques dans le traitement de l’actualité. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités du pays à s’abstenir d’interférer dans la ligne éditoriale du média public.
Les journalistes de la Télévision de Guinée-Bissau (TGB) boycottent depuis lundi 28 janvier la couverture des activités de tous les partis politiques pour exiger la fin de la ‘’censure’’ et du ‘’déséquilibre’’ de l’information. Selon le président du syndicat de la TGB, Domingo José Gomes interrogé par RSF, la chaîne ne couvre l’actualité politique que deux ou trois partis politiques. Il s’agit du Parti de la rénovation sociale (PRS) dont le ministre de la Communication sociale est membre, ainsi que l’Alliance démocratique et le Mouvement Jomav qui soutiennent le président Jose Mario Vaz.
En revanche, les partis de l’opposition et le Parti pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), majoritaire à l’Assemblée nationale, font l’objet de censure. Le 20 janvier, lors de la célébration de l’anniversaire du décès d’Amilcar Cabral, fondateur du PAIGC, une interview du président de l’Assemblée nationale a été censurée, selon le syndicat.
‘’Ces ingérences sont inacceptables et nuisent au pluralisme des opinions, à quelques semaines des élections législatives, déclare Assane Diagne, responsable du bureau Afrique de l’Ouest de RSF. Les autorités bissau-guinéennes doivent mettre fin à la censure et s’abstenir de toute ingérence dans le traitement de l’actualité qui relève de la responsabilité des seuls journalistes.’’
Déjà, en septembre 2017, le syndicat des travailleurs de la TGB avaient signé une pétition dénonçant des ingérences dans leur travail à la télévision publique. Une situation confirmée par le directeur de l’information de la TGB, Eusobio Nunes qui explique à RSF, dans un entretien téléphonique, qu’il s’agit d’une télévision publique, financée par le gouvernement. ‘’Il n’y a pas d’indépendance totale. Le gouvernement paie les salaires, détermine la politique et nomme les responsables’’, dit-il.
La Guinée-Bissau est confrontée à une crise politique depuis 2015 quand l’actuel président José Mario Vaz a limogé son Premier ministre et chef du PAIGC, Domingos Simoes Pareira, chef du PAIGC dont ils sont tous les deux membres. Face à cette impasse, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), médiatrice dans cette crise, préconise la tenue de nouvelles élections législatives. Ce scrutin, maintes fois reporté, est prévu le 10 mars 2019.
La Guinée-Bissau occupe la 83e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.