Grèce : RSF demande l’accélération de l’enquête sur l’assassinat de Giorgos Karaivaz
Six mois après l’assassinat du journaliste, les autorités grecques n’ont toujours identifié aucun suspect. Reporters sans frontières (RSF) les exhorte à respecter leur promesse de mettre tous les moyens en œuvre pour résoudre rapidement cette affaire, dans l’intérêt de la sécurité des reporters grecs.
Le 9 octobre prochain, six mois se seront écoulés depuis l’assassinat du journaliste grec spécialisé dans les affaires criminelles, Giorgos Karaivaz. Le reporter a été tué de plusieurs balles devant son domicile d’Athènes, le 9 avril dernier. Si le gouvernement grec a affirmé, le 7 octobre, que l’enquête était une “priorité absolue pour la police hellénique”, cette dernière n’a toujours pas identifié d’auteur ou commanditaire présumé dans ce crime, exécuté en plein jour dans une capitale européenne. Selon des reportages diffusés en septembre par Star TV, chaîne pour laquelle le journaliste a travaillé, l’enquête devrait durer encore “de nombreux mois", les autorités devant analyser deux listes de suspects, 30 déclarations et 150 vidéos.
Pourtant, peu de temps après le drame, le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis avait demandé à la police de résoudre l'affaire rapidement tandis que le ministre de la Protection du Citoyen de l'époque, Michális Chrysochoidis, avait promis que "l'enquête [serait] accélérée jusqu'à ce qu'elle atteigne son but". Mais depuis, la police et le ministère ont fourni peu d'informations officielles sur son avancement. En juillet, la police grecque avait recueilli des éléments provenant d'enregistrements de caméras de sécurité sur les exécutants et instigateurs potentiels, mais n'a pas révélé leur identité ni précisé si l’une des personnes concernées faisait l’objet d’une enquête. Selon la chaîne ANT1, plus de 100 vidéos, témoignages, communications téléphoniques et autres informations sont à la disposition des autorités.
Face à cette situation, la famille de Giorgos Karaivaz a émis des doutes, par l’intermédiaire de son avocat, sur l’efficacité de l’enquête et la volonté des autorités de démasquer les auteurs de cet assassinat. RSF a également fait part de ses inquiétudes, dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur grec début août, mais n’a reçu aucune réponse malgré plusieurs relances.
“RSF appelle le gouvernement à respecter ses promesses et à mettre à disposition tous les moyens possibles afin que l’enquête puisse aboutir rapidement. L’organisation continuera à y veiller, déclare le responsable du bureau UE/Balkans à RSF, Pavol Szalai. L’importance de la résolution de l’assassinat de Giorgos Karaivaz est capitale pour la sécurité des journalistes grecs.”
Cette affaire confirme les insuffisances des mesures prises par les autorités pour protéger les reporters dans le pays. Alors qu’ils sont menacés par le crime organisé, leur relation avec les autorités souffre d'une profonde méfiance. Lors de la révélation, fin avril, d’un projet d’assassinat du journaliste d’investigation Kostas Vaxevanis, RSF a appelé les autorités grecques à prendre des mesures pour restaurer la confiance entre la profession et la police, dont elle dépend pour sa protection. Mais le gouvernement semble prendre une toute autre direction, le parti Nouvelle Démocratie (ND) au pouvoir ayant proposé une nouvelle législation visant à élargir la définition des fausses informations. Le texte, critiqué par l’association des éditeurs grecs, prévoit d’étendre le délit à toute information susceptible de susciter l’inquiétude du public ou d’ébranler sa confiance, notamment dans la santé publique. Il pourrait ainsi porter sérieusement atteinte au droit des journalistes de diffuser des informations d’intérêt général.
Après avoir perdu cinq places en seulement un an, la Grèce se situe à la 70e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.