Garde à vue, mise en examen et contrôle judiciaire du journaliste Alex Jordanov, auteur d’un livre sur la DGSI

Reporters sans frontières (RSF) dénonce une procédure disproportionnée et une stratégie d'intimidation. La justice reproche au journaliste Alex Jordanov d'avoir donné des détails dans le livre qu'il a publié en 2019 sur les techniques de la DGSI.

Une telle procédure, trois ans après la parution du livre, semble aussi disproportionnée qu’incongrue, estime le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, qui demande l’abandon du contrôle judiciaire. Il est à craindre qu’avec cette garde à vue, l’objectif des autorités soit d’intimider le journaliste. Si dans un pays le secret des sources n’est pas garanti, s’il est fragilisé par des actions comme celles-ci, les citoyens seront privés de leur droit à avoir des informations non officielles.



Vendredi, à l’issue de sa garde à vue, Alex Jordanov a été mis en examen pour divulgation de secret-défense, recel de violation du secret professionnel, recel de violation du secret de l'instruction et révélation d'information permettant l'identification d'une source. La justice reproche au journaliste d'avoir donné des détails dans le livre qu'il a publié en 2019 Les guerres de l'ombre de la DGSI (Nouveau Monde éditions) sur les techniques de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), les méthodes de recrutement, la gestion et la rémunération des sources humaines, entre autres. Il lui est aussi reproché d'avoir publié des informations susceptibles de permettre l'identification d'un agent ou d'une source des services des renseignements.

Une garde à vue de 48 heures suivie d'une nuit au dépôt pour un journaliste en raison des révélations de son livre est sans précédent, a déclaré de son côté à l’AFP William Bourdon, avocat d’Alex Jordanov. C'est une attaque contre le devoir d'investigation des journalistes d'une très grande gravité. Cette opération musclée constitue d'évidence une double intimidation politique à l'égard des journalistes et des policiers pour les dissuader d'être curieux ou bavards, a dénoncé Me Bourdon. 

Deux policiers de la DGSI ont de leur côté été placés en garde à vue dans le cadre de la même affaire. 

En mai 2019 déjà, huit journalistes et professionnels des médias enquêtant sur des sujets sensibles ainsi que l'administrateur d'un grand journal avaient été convoqués par les services de renseignement. Geoffrey Livolsi, Mathias Destal et Michel Despratx du site d'investigation Disclose, Ariane Chemin du journal Le Monde ainsi que Louis Dreyfus le Président du directoire du quotidien, Benoît Collombat de France inter mais aussi Valentine Oberti et un JRI et un preneur de son de Quotidien, ont été convoqués par la DGSI et pour certains entendus. Tous travaillaient sur des sujets sensibles comme la vente d’armes par la France à l’Arabie saoudite ou des protagonistes en lien avec l’affaire Benalla.

Image
21/ 180
Score : 78,65
Publié le