France : RSF proteste contre la venue de Xi Jinping, un des plus grands prédateurs de la liberté de la presse
Le président de la République française Emmanuel Macron reçoit ce 6 mai le président de la République populaire de Chine Xi Jinping. Plus de 100 journalistes sont emprisonnés dans les geôles du régime de Pékin, l’un des régimes les plus répressifs pour le journalisme. Reporters sans frontières (RSF), lors d’une opération spéciale dans les rues de Paris, a rappelé ses demandes : la liberté de la presse ne doit pas être la grande absente de cette visite d’État.
Alors que Pékin considère les défenseurs de la liberté de la presse comme des ennemis de l'État, l'Élysée déroule le tapis rouge pour le principal prédateur de la liberté de la presse. Ce lundi 6 mai, alors que XI Jinping est en visite officielle auprès du président de la République française Emmanuel Macron, RSF a manifesté son inquiétude en faisant circuler dans Paris un camion marqué des noms de journalistes détenus dans les geôles du régime chinois.
La République populaire de Chine (RPC) est à ce jour la plus grande prison du monde pour les journalistes, avec 119 personnes détenues, dont 10 à Hong Kong, et son régime mène une campagne de répression contre le journalisme et le droit à l'information dans le monde entier. Une démocratie comme la France ne saurait accueillir le représentant d’un tel régime censeur sans aborder le sujet de la liberté de la presse et des journalistes.
“La France accueille cette semaine le président chinois Xi Jinping. Une visite au goût amer qui contraste avec l'expérience de RSF : si le dirigeant chinois est célébré en grande pompe, une de nos collaboratrices a été expulsée de Hong Kong le 10 avril dernier alors qu'elle se rendait au procès de Jimmy Lai, fondateur du média Apple Daily, détenu comme plus de 100 autres journalistes pour n’avoir fait que son travail. RSF appelle la France à faire pression sur le régime de Xi Jinping lors de cette visite officielle pour que des engagements soient pris pour cesser toute censure et répression contre les reporters.
La police est intervenue rapidement pour mettre un terme à l’opération de RSF à Paris et a intimé au chauffeur du camion d’éteindre l’affichage avec les noms des journalistes chinois détenus. Elle s’est également rendue au siège de la société pour rechercher le véhicule, dans une démarche qui peut s’apparenter à de l’intimidation.
Le président Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012, a restauré une culture médiatique digne de l'ère maoïste, où accéder librement à l'information est devenu un crime et informer un crime encore plus grand, révèle le rapport de RSF Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, qui rend compte des efforts entrepris par Pékin pour contrôler l’information et les médias tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Le régime chinois pratique une censure d’ampleur d’Internet et maintient le milliard d'internautes chinois à l'écart du monde, tandis qu'une armée de censeurs passe au crible les messageries privées, à la recherche de contenus prétendument subversifs.
Les médias chinois et les sociétés Internet, qu'ils soient publics ou privés, sont tenus de suivre les instructions du Parti communiste chinois concernant les questions jugées sensibles, notamment le Tibet, la corruption, les troubles sociaux, les dissidents, etc. Le département de la propagande du Parti communiste envoie quotidiennement aux médias une liste de sujets à mettre en avant et une autre liste de sujets qu'ils ne doivent pas traiter, sous peine de sanctions.
Depuis 2016, au nom de la lutte contre le terrorisme, le régime de Pékin mène une violente campagne de répression contre la population musulmane turcophone, principalement de l'ethnie ouïghoure, dans la région autonome du Xinjiang (nord-ouest), accompagnée d'un blocus médiatique sans précédent.
Le bâillonnement de la presse à Hong Kong
À Hong Kong, 26 ans après la rétrocession du territoire à la Chine, la liberté de la presse connaît un déclin sans précédent. Depuis l'adoption de la loi sur la sécurité nationale par le régime chinois en juin 2020, le gouvernement du territoire mène une campagne contre le droit à l'information, qui s'est traduite par des poursuites contre au moins 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont 10 sont actuellement détenus, y compris l'éditeur Jimmy Lai qui purge une peine de prison sur la base d'accusations fallacieuses, et qui risque maintenant la prison à vie pour atteinte à la sécurité nationale, dans ce qui s'est avéré être un simulacre de procès orchestré par le régime chinois.
Le 10 avril dernier, Aleksandra Bielakowska, chargée de plaidoyer de RSF, basée à Taipei, a été détenue, fouillée et interrogée à son arrivée à l'aéroport international de Hong Kong, avant d'être expulsée du territoire, alors qu’elle était en mission pour observer une audience dans le procès de Jimmy Lai. Cette tentative d'empêcher une représentante de RSF d’entrer sur le territoire hongkongais – une première dans l’histoire de l’organisation – a été vivement critiquée par le Parlement européen, qui a adopté une résolution dénonçant les entraves au suivi des procès, pas moins de deux semaines après ce regrettable incident.
Le territoire de Hong Kong est classé 135e dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 publié par RSF, alors qu’il occupait la 18e place deux décennies plus tôt. La Chine, pour sa part, est au 172e rang sur 180 pays et territoires évalués.