Florence Hartmann condamnée : "Un verdict qui tente d'imposer le silence sur les activités du TPIY"

“Seul l’acquittement de Florence Hartmann aurait été une issue honorable à cette triste procédure. Ce n’est malheureusement pas le cas et nous le regrettons sincèrement. Cette condamnation nuit à la crédibilité de la juridiction internationale. Comment faire confiance à un tribunal qui choisit de dissimuler des documents utiles à la justice, et qui s’entête ensuite à cacher des informations relatives à son propre fonctionnement ?", a déclaré Reporters sans frontières. La Chambre spéciale du Tribunal pénal international pour l’ex–Yougoslavie (TPIY) a condamné, le 14 septembre 2009, Florence Hartmann à une amende de 7 000 euros “pour avoir délibérément et sciemment divulgué des informations, en violant en connaissance de cause une ordonnance d’une Chambre“. Par cette condamnation, le TPIY reconnaît l’ancienne journaliste et ancienne porte-parole du procureur Carla Del Ponte coupable des chefs d’accusation portés par la chambre de première instance suite à la parution en 2007 de son livre, Paix et Châtiment. Il y était question d’un accord entre l’Etat serbe et certains membres du TPIY, qui avait permis à ces derniers d’obtenir des documents à charge contre Slobodan Milosevic moyennant leur silence sur d’autres pièces accusant l’Etat serbe. "Quel que soit le montant de l’amende infligée à Florence Hartmann, c’est le principe même de sa condamnation qui est indigne. Celle-ci revient à soustraire tout un pan de l’activité du TPIY au légitime intérêt du public. La justice internationale ressortirait grandie d’un débat ouvert sur la question des compromis acceptables pour instruire les affaires de génocide et de crimes de guerre. Ainsi, au-delà du cas de Florence Hartmann, cette décision constitue un précédent dangereux pour tous les journalistes qui suivent les activités du tribunal. Elle risque d’entraîner une certaine autocensure préjudiciable à notre connaissance du fonctionnement de cette juridiction“, a ajouté l’organisation. Contacté par Reporters sans frontières, Me Guenael Mettraux, avocat de Florence Hartmann, a fait part d’une grande déception. “En adoptant une définition très stricte de l’outrage, cette décision trace d’étroites limites, non plus seulement formelles, mais également pénales, au travail des journalistes. Reste à voir si cette définition sera bien adoptée comme représentant l’état du droit international sur ce point. Il s’agit en tout cas d’un très mauvais signe envoyé aux régimes les moins démocratiques." Reporters sans frontières réitère tout son soutien à Florence Hartmann et espère que son innocence sera pleinement reconnue en appel. (Photo AFP)
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Mise à jour le 20.01.2016