Fermeture de neuf radios communautaires

Reporters sans frontières déplore la fermeture de neuf radios communautaires dans les départements du Chimaltenango (Centre) et du Huehuetenango (Ouest) durant le seul mois de mars 2006. Ces médias ont été fermés sur ordre du parquet spécial des délits contre les journalistes et les syndicalistes du ministère public, avec l'appui de l'Intendance des télécommunications du Guatemala (SIT) et de la Commission de radiodiffusion nationale. Selon cette dernière et le ministère public, les radios communautaires fermées ne bénéficiaient pas d'une licence les autorisant à émettre. « La répression croissante à l'encontre des radios communautaires risque d'affecter le processus de dialogue avec les communautés indigènes. Légalement, les radios communautaires sont dans leur tort, puisqu'elles ne disposaient pas de licence. Cependant, elles agissent conformément aux accords de paix signés par des gouvernements antérieurs stipulant que les communautés indigènes peuvent s'exprimer librement sans craindre la censure. Par ailleurs, les radios communautaires diffusent à une échelle très locale une information qui concerne en premier lieu les habitants de leur communauté. Nous appelons le gouvernement à engager un débat de fond sur la liberté d'expression et la promotion des droits des communautés indigènes, et le Parlement à voter au plus vite le projet de loi annoncé qui permettrait de débloquer la situation des radios communautaires », a déclaré Reporters sans frontières. Le 2 mars 2006, plusieurs procureurs du ministère public accompagnés d'une vingtaine de policiers se sont présentés au domicile et lieu de travail de deux coordinateurs du Conseil guatémaltèque de communication communautaire (CGCC). Ils ont saisi la totalité de la documentation concernant des radios affiliées à la CGCC. Ils ont aussi emporté des listes de radios associées, des ordinateurs et des livres. Des membres des associations ARCG (Association de radios communautaires du Guatemala) et AMECOS (Association des médias communautaires de Sololá) ont accusé le procureur Ródenas d'avoir agi de manière abusive. Le CGCC a souligné, par ailleurs, que cette opération a été autorisée par le procureur chargé des délits contre les journalistes, supposé défendre la liberté d'expression et la liberté de la presse, et non les réprimer. Le 9 mars, Radio Voz Latina, située à Chimaltenango (Centre), a été fermée. Sa directrice, Ana Piedad Martín, a été arrêtée, puis relâchée le 15 mars après avoir payé une caution. Toujours le 15 mars, Radio Stereo Nolber Sideral, basée à Huehuetenango (Ouest), a connu un sort similaire. Son directeur, Oscar Rafael López, et un collaborateur, Esbin Martínez Palacios, ont été arrêtés puis relâchés dans la même journée après avoir payé une amende. Selon le Mouvement pour la paix, le désarmement et la liberté (MPDL), les deux radios offraient un service social, notamment Radio Voz Latina, qui promeut activement la prise de parole des jeunes. Par ailleurs, le 9 mars, ont été fermées les radios Presencia Stéreo, Radio Cairo et Radio Mayense dans le département de Chimaltenango (Centre), et Radio Acción de Huehuetenango. Ces radios ne peuvent plus émettre, leurs équipements de transmission ayant été confisqués. Il existe actuellement environ 2 500 radios communautaires qui émettent sans licence. Seules 250 radios du même acabit travaillent conformément à la loi. Le Congrès discute actuellement d'un projet de loi qui permettrait aux radios communautaires d'obtenir un statut particulier. Elles pourraient dès lors émettre sans licence. La loi n'a pas encore été approuvée.
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Updated on 20.01.2016