Fête nationale : la liberté de la presse en berne

« Nous déplorons que le parti au pouvoir en Moldavie ait récemment rejeté la possibilité d'apporter des améliorations concrètes à la situation de la liberté de la presse dans le pays. A l'occasion de la fête nationale, nous rappelons que l'année 2007 a été émaillée de nombreuses atteintes au droit des journalistes et que le projet de loi sur la liberté de la presse proposé par l'opposition le mois dernier a malheureusement été rejeté. Les autorités moldaves doivent respecter les engagements pris envers l'Union européenne dans ce domaine », a déclaré Reportes sans frontières. En juillet dernier, un groupe de quinze députés de l'opposition a présenté un proposition de loi sur la liberté de la presse. Ils ont appelé le Premier ministre, Vasile Tarlev, à veiller à la mise en place de la loi sur l'accès à l'information (adoptée en 2000) et au respect des engagements concernant la liberté de la presse énoncés dans le Plan d'Action Union Européenne/République de Moldavie. L'opposition exhortait également le ministre de l'Intérieur, Gheorghe Papuc, à prendre les mesures nécessaires pour élucider les différentes agressions de journalistes et prévenir les atteintes à l'intégrité physique et morale des professionnels de l'information. Le texte a été rejeté le 6 juillet 2007. L'un des auteurs du projet de loi, Oleg Serebrian, a déclaré lors des débats que de 2001 à 2007 - période pendant laquelle le Parti communiste était au pouvoir - la liberté de la presse avait été entravée par le harcèlement, les menaces et les attaques à l'encontre des journalistes. Selon lui, les poursuites intentées contre les médias critiques du gouvernement constituent la plus grave menace pesant sur la liberté d'expression dans le pays. Il a ajouté que les lois encadrant l'activité des médias ne sont pas respectées notamment par les autorités, qui exercent fréquemment des pressions économiques. Les taxes appliquées par la Poste sur la distribution des journaux affectent directement les coûts d'abonnements et pénalisent le développement de la presse privée. Tout comme les soutiens financiers accordés par le gouvernement à des rédactions dans le but de promouvoir sa politique. Le chef d'une Commission parlementaire, Victor Stepianuc, a néanmoins déclaré que le texte de l'opposition ne reflétait pas la situation de la liberté de la presse dans le pays. Il a ajouté que certains médias privés étaient partiaux et qu'ils ne méritaient pas d'avoir accès aux sessions du Parlement et du gouvernement. Mais, pendant les élections locales de juin dernier, l'activité du Conseil de coordination de l'audiovisuel (CCA, organisme de régulation) a été entravée par l'interpellation de quatre de ses membres, dont deux ont été poursuivis et détenus. Ceux-ci ont déclaré que leur arrestation était probablement liée aux mises en garde du CCA sur la couverture biaisée de certains médias. La chaîne Euro TV-Chisinau a, pour sa part, reçu un avertissement de la police après avoir mentionné des cas de fraudes électorales. Enfin, le président de l'Association de la presse indépendante, Petru Macovei, a affirmé que du 4 au 11 juin, pas moins de 26 publications avaient continué de couvrir la campagne électorale dans leurs colonnes, en violation de la loi.
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Updated on 20.01.2016