Explosions de Tianjin : les autorités empêchent l’exercice du “droit de savoir”

Reporters sans frontières (RSF) condamne le contrôle de l’information mis en place par le gouvernement de Pékin sur la catastrophe de Tianjin, notamment à l’instigation de l’Administration du cyberespace.

Dans la foulée des évènements tragiques survenus dans le port industriel de Tianjin les 12 et 15 août, le Parti communiste chinois a mis en place une série de directives à l’attention des médias en ligne et des internautes. Avec le soutien des offices de propagande de différentes provinces, l’Administration du cyberespace de Chine, l’agence gouvernementale en charge de la censure du web, contrôle le récit des évènements en célébrant l’héroïsme des pompiers et en racontant d’émouvantes histoires de sauvetages, mais en occultant les inquiétudes sur l’origine des explosions, la mort de nombreux sauveteurs et l’absence de communication des autorités sur le sort des personnes disparues. “Dans une telle situation de détresse, il est vital qu’un maximum d’informations soit apporté, notamment à ceux qui sont directement touchés par la catastrophe, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF). Nous déplorons que les premiers réflexes des autorités laissent présager un scénario similaire à celui du tremblement de terre de 2008 au Sichuan, lors duquel elles avaient mis en place une politique de censure et de répression. Le gouvernement fait preuve d’une indifférence manifeste à l’égard des interrogations légitimes de ses citoyens en orchestrant le désormais traditionnel ballet de la propagande et de la censure.” L’Administration du cyberespace de Chine impose que la couverture des explosions soit limitée à la reprise des dépêches de l’agence officielle Xinhua. L’ajout de commentaires ou d’opinions personnelles est formellement interdit, la transmission d’images en direct prohibée. Le Bureau de la propagande de Tianjin stipule que tous les employés des chaînes de télévision, radios, journaux locaux et plateformes de microblogging, incluant les journalistes, présentateurs et rédacteurs, ont l’interdiction de partager sur les réseaux sociaux des informations ayant trait aux explosions. Les médias en ligne ont reçu l’ordre dans certaines provinces de retirer les mentions de l’explosion de Tianjin et les photos des pages de une et des articles recommandés. Le 13 août, le correspondant de CNN en Chine Will Ripley a été pris à parti et violemment bousculé par un groupe de personnes lors d’une transmission en direct depuis un hôpital accueillant des victimes de l’explosion. Il a été obligé de rendre l’antenne. La police, présente sur les lieux, n’a rien fait pour mettre un terme à l’agression du journaliste. Elle a même empêché un de ses collègues de venir à son aide. Le même jour, le correspondant de la chaîne américaine CBS Seth Doane et son équipe ont été empêchés de filmer par des policiers qui ont masqué la caméra de leurs mains. Les autorités ont également confisqué la carte mémoire d’un journaliste taïwanais du groupe Eastern Multimedia qui s’était trop approché du site de l’explosion. La Chine occupe la 176ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2015.
Publié le
Updated on 20.01.2016