Etienne Ndikuriyo libéré sous caution après huit jours de prison

Etienne Ndikuriyo, journaliste de la radio privée Bonesha FM et directeur de l'agence Zoom-Net, a été placé en liberté provisoire sous caution le 22 juin, après huit jours de prison. Il doit néanmoins se présenter au juge d'instruction chaque semaine. Les formalités administratives de levée d'écrou n'ayant pu être effectuées dans la soirée du 22, le journaliste n'a quitté la prison que le lendemain matin. --------------- 21.06.05 - Un journaliste sous les verrous depuis une semaine : Reporters sans frontières saisit le président de la République Reporters sans frontières a écrit au président de la République du Burundi, Domitien Ndayizeye, après avoir appris que le journaliste de la radio Bonesha FM et de l'agence Zoom-Net, Etienne Ndikuriyo, avait été inculpé d'« atteinte à la vie privée et à l'honneur », et « outrage au chef de l'Etat », le 17 juin 2005, au terme de trois jours de garde à vue dans les locaux des services secrets. Le 14 juin, Etienne Ndikuriyo avait été convoqué par le chef des services secrets, le lieutenant-colonel Janvier Rubwebwe, au sujet d'un article paru dans Zoom-Net évoquant l'état dépressif dans lequel le président burundais serait tombé après la défaite de son parti aux élections communales du 3 juin. « Le jour de son arrestation, notre organisation a exprimé son étonnement et son inquiétude devant le procédé consistant à traiter comme un criminel un journaliste qui a écrit un article déplaisant au chef de l'Etat », a rappelé l'organisation dans son courrier. Cette fois, Reporters sans frontières a expliqué qu'elle entendait « rappeler un certain nombre de principes en vertu desquels la libération immédiate d'Etienne Ndikuriyo lui semble être l'unique alternative ». Reporters sans frontières rappelle notamment que l'arrestation et l'inculpation du journaliste contreviennent à la loi n°1/025 du 27 novembre 2003 régissant la presse, garantissant la liberté d'enquêter et de protéger ses sources. L'organisation souligne qu'aux termes de la loi, les litiges entre la presse et la société doivent être gérés par la Conseil national de la Communication (CNC), lequel a fermement condamné une « méthode dictatoriale ». « En outre, cette arrestation a été ordonnée sans que le ministre de tutelle de la presse, Onésime Nduwimana, soit mis au courant au préalable », a révélé Reporters sans frontières. « Puisqu'il apparaît que le journaliste a été arrêté sur ordre de la présidence, la loi et le fonctionnement des institutions du Burundi ont donc été bafoués sur ordre de la figure censée les garantir, a ajouté l'organisation. Reporters sans frontières ne peut que s'élever contre le règne de l'arbitraire lorsqu'il refait surface dans un pays tenu pour un exemple de transition pacifique. » Enfin, Reporters sans frontières a conclu : « Au-delà du seul cas d'Etienne Ndikuriyo, notre organisation voudrait vous rappeler que les peines d'emprisonnement pour les délits de presse sont régulièrement dénoncées, non seulement par les organisations nationales et internationales de défense de la liberté de la presse, mais également par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l'Organisation des Nations unies (ONU). »
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Updated on 20.01.2016