Ernest Vardanean épuisé par les interrogatoires
Organisation :
Irina Vardanean, la femme d’Ernest Vardanean, journaliste emprisonné depuis le 7 avril à Tiraspol, dans la région séparatiste de Transnistrie, s’inquiète de l’état physique et mental de son mari.
Interpellé début avril, il est actuellement en détention et accusé de « haute trahison et d’espionnage ».
Irina Vardanean a été autorisée, pour la deuxième fois seulement en près d’un mois, à rendre visite à son mari. Elle l’a trouvé très affaibli et déprimé. Selon elle, il subit des heures d’interrogatoires qui n’ont pour seuls buts que l’épuiser et lui faire avouer des faits dont il est innocent.
L’épouse du journaliste précise également que les autorités de Tiraspol refusent toujours l’intervention d’un avocat, violant ainsi un droit fondamental. Elles ont rejeté l’avocat moldave proposé par la famille d’Ernest Vardanean, prétextant que des secrets d’Etat seraient en jeu. Irina Vardanean a récemment écrit une lettre au président russe Dmitri Medvedev, afin de lui demander de l’aide. La Russie ayant une grande influence sur Tiraspol, elle estime que le Kremlin peut être la meilleure carte à jouer dans le dossier de son mari.
Reporters sans frontières réaffirme sa consternation quant à l’arrestation du journaliste et son traitement. L’organisation appelle à sa libération et exige qu’en attendant, les autorités lui permettent de voir son avocat, afin qu’une procédure régulière et légale soit mise en place.
Selon Ion Manole, le directeur de l’association Promo Lex, il n’est pas rare que la justice de Transnistrie accuse des opposants de haute trahison ou bien d’espionnage. C’est pour Tiraspol un moyen de les intimider et des les contraindre au silence.
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14.04.2010 : 12 à 20 ans de prison pour Vardanean : Début d'une campagne anti-journalistes moldaves à Tiraspol ?
Ernest Vardanean, journaliste indépendant et analyste politique renommé, originaire de Tiraspol (capitale de la région indépendantiste) a été arrêté, dans la soirée du mercredi 7 avril, par des agents des services secrets (MGB). Il est accusé de haute trahison et risque entre 12 et 20 ans de prison. Il est actuellement détenu dans les locaux de la Sécurité nationale et sa détention a été prolongée de deux mois lors d'un procès à huis clos.
Selon une télévision locale de Chisinau (capitale nationale), les autorités de Transnistrie invoquent l'article 272 de la constitution de la république autoproclamée en 1990. Elles accusent le journaliste d'espionnage au profit de la Moldavie.
Reporters sans frontières dénonce cette arrestation et l'attitude de Tiraspol. L'organisation redoute une condamnation arbitraire qui priverait le journaliste de liberté pour de nombreuses années, et ce, sans fondements ni transparence. Derrière l'arrestation d'Ernest Vardanean, semble se dessiner une campagne plus globale à l'encontre des journalistes de Transnistrie travaillant pour des médias moldaves ou exprimant des opinions critiques des autorités régionales.
La femme du journaliste, Irina, a déclaré que l'ordinateur de son mari avait été saisi lors de son interpellation. Deux jours après l'arrestation, elle n'avait toujours eu aucune nouvelle de son mari et de ses conditions de détention.Vardanean travaillait pour l'agence d'information Novii Reghion, mais était depuis peu journaliste freelance. Il est bien connu parmi les journalistes moldaves pour son attitude critique vis-à-vis du leader transnistrien Igor Smirnov. Par ailleurs, il devait commencer à travailler pour un blog du service moldave de Radio Free Europe/ Radio Liberty cette semaine.
Reporters sans frontières tient à rappeler la situation délicate dans laquelle se trouvent les journalistes exerçant dans des régions où des conflits politiques perdurent. Elle craint qu'une fois encore les journalistes ne soient victimes d'enjeux politiques régionaux, et que les pressions sur la presse ne soient le signe avant-coureur d'un regain de tensions locales.
A la chute de l'URSS, la Transnitrie, enclave russe entre la Moldavie et l'Ukraine voisine, avait autoproclamé son indépendance vis-à-vis de Chisinau. Soutenue par la Russie, la région indépendantiste a établi son gouvernement à Tiraspol et s'est dotée d'une constitution, d'un drapeau et d'une armée indépendante. La région n'a pas d'existence internationale reconnue.
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Updated on
20.01.2016