Reporters sans frontières salue la publication, le 14 février 2006, d'un rapport d'enquête sur l'assassinat du journaliste de La Référence Plus, Franck Ngyke Kangundu (photo), et de son épouse, Hélène Paka, par son organisation partenaire à Kinshasa, Journaliste en danger (JED). L'organisation appelle solennellement le président congolais Joseph Kabila à constituer au plus vite une commission d'enquête indépendante chargée de faire la lumière sur ce double assassinat politique.
Reporters sans frontières salue la publication, le 14 février 2006, d'un rapport d'enquête sur l'assassinat du journaliste de La Référence Plus, Franck Ngyke Kangundu, et de son épouse, Hélène Paka, par son organisation partenaire à Kinshasa, Journaliste en danger (JED). L'organisation souligne particulièrement le courage des responsables de JED qui, face à de sérieuses menaces pour leur sécurité, ont mené à bien un rigoureux travail d'enquête, dont les conclusions appellent une réaction politique immédiate.
Reporters sans frontières appelle solennellement le président congolais Joseph Kabila à constituer au plus vite une commission d'enquête indépendante chargée de faire la lumière sur ce double assassinat politique, sur la base des investigations de JED.
« Pour stabiliser et pacifier le pays, le gouvernement de la République démocratique du Congo ne peut pas faire l'économie de la justice, a déclaré Reporters sans frontières. Bâclée par la police jusqu'à aujourd'hui, l'affaire Franck Ngyke doit être résolue pour que la blessure infligée au pays par ce double assassinat soit guérie. Les pressions, les entraves et la mauvaise volonté politique empêchent les autorités d'avancer. Il est donc urgent de confier l'élucidation de cette affaire à un tiers qui bénéficie de la confiance des témoins et dont les conclusions seront exemptes de tout soupçon de partialité. Nous exhortons la communauté internationale, qui supervise le processus de transition, à prendre JED et les témoins de l'assassinat sous sa protection et à s'associer à notre voix pour exiger la constitution rapide d'une commission d'enquête indépendante, à laquelle nous sommes prêts à participer. »
Dans son rapport d'enquête, JED a notamment reconstitué les derniers jours de la vie de Franck Ngyke et identifié les dernières personnes à l'avoir rencontré. L'organisation congolaise souligne notamment un certain nombre de contradictions dans les témoignages de celles-ci et met en lumière des faits troublants mettant en cause de hauts responsables du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti du président Joseph Kabila). Les investigations révèlent également que l'attitude de la police et de certains de ces responsables, après l'assassinat, méritent des explications. En reconstituant la carrière journalistique de Franck Ngyke, JED montre enfin que celui-ci avait officieusement travaillé pour des membres importants du gouvernement et du PPRD et qu'il avait, par conséquent, pu être en possession d'informations sensibles.
Franck Ngyke et son épouse ont été assassinés dans l'enceinte de leur domicile d'un quartier de l'est de Kinshasa, le 3 novembre 2005 à 1 heure du matin. Après être sorti de son véhicule pour ouvrir le portail de sa maison, le journaliste a été abordé par quatre hommes armés, vêtus en civil, qui attendaient le couple. « Nous sommes venus pour te tuer », a affirmé l'un des hommes. Le couple a alors été abattu par balles. L'un des fils du journaliste, âgé d'une vingtaine d'années, témoin oculaire du double assassinat, a été grièvement blessé et hospitalisé. Depuis le début de l'enquête, la police privilégie la thèse du crime crapuleux, alors que l'argent et la voiture du journaliste n'ont pas été volés.