En une semaine, un deuxième journaliste échappe de peu à une tentative de meurtre
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Reporters sans frontières est indignée par la tentative d'assassinat perpétrée, le 5 mars 2009, à l'encontre du journaliste de la station DXCC, Nilo Labares, dans la ville de Cagayan de Oro (nord de l'île de Mindanao). Ses collègues ont affirmé à Reporters sans frontières que le journaliste, âgé de 48 ans, marié et père de deux enfants, était toujours dans un état critique après avoir reçu une balle dans le dos.
"Depuis le début de l'année, nous assistons à une série d'assassinats et de tentatives de meurtre sur des animateurs de radio du sud du pays. Il ne suffit plus de mettre en place des groupes d'enquête. C'est bien l'absence de progrès dans certaines affaires à Mindanao, et surtout l'impunité scandaleuse dont jouissent les commanditaires des assassinats de professionnels des médias, qui favorise ce climat de violence. Pourquoi la police a-t-elle été incapable d'arrêter ceux qui ont commandité le meurtre de Marlene Esperat ou Edgar Damalerio ?", s'interroge l'organisation.
"Au vue de cette série de violences qui fait de l'île de Mindanao l'un des endroits les plus dangereux au monde pour les journalistes, nous demandons au gouvernement de renforcer les équipes de policiers opérant sur l'île », a ajouté l'organisation.
Nilo Labares, surnommé "Babayeng Bagol", est actuellement soigné dans un hôpital de Cagayan de Oro. Il est conscient, mais son état de santé est critique. Il a été touché au foi, et les médecins ont du lui enlever un rein. Une nouvelle opération a eu lieu dans la soirée du 6 mars.
Dans la soirée du 5 mars, deux hommes circulant à moto ont tiré sur le journaliste alors qu'il se trouvait sur son scooter.
Nilo Labares présente un programme quotidien sur la station populaire DXCC du Radio Mindanao Network (RMN). Interrogés par Reporters sans frontières, ses collègues le décrivent comme un journaliste dénonçant la corruption et les activités illégales, telles que les jeux d'argents ou les salles de jeux clandestines.
D'après une journaliste de DXCC, Nilo Labares avait informé ses collègues qu'il avait reçu des menaces. Il aurait été contacté par l'émissaire d'une personnalité locale « puissante ». Ce dernier lui aurait déclaré que s'il continuait à dénoncer les jeux vidéo illégaux, il en "paierait le prix fort".
Le vice-maire de Cagayan de Oro, Emano Labares, a déclaré que Nilo Labares avait sûrement été visé à cause de ses commentaires critiques à propos des jeux d'argent. Il a déclaré qu'il avait ordonné à la police de tout mettre en œuvre pour retrouver les deux hommes. « Ma politique est de leur tirer dessus s'ils résistent. Nous ne les laisserons pas fuir », a-t-il déclaré à la radio DZXL.
Le porte-parole de la présidente Gloria Macapagal Arroyo, Cerge Remonde, a condamné l'attaque et a ordonné au chef de la police nationale « de retourner toutes les pierres pour identifier les assassins et pour s'assurer que justice sera faite ».
Une Task Force a été mise en place à Cagayan de Oro. Pour l'instant, personne n'a été arrêté, mais un suspect aurait été identifié par la police. En parallèle, le club de la presse a créé un groupe d'enquête indépendant.
Publié le
Updated on
20.01.2016