Double plainte pénale pour diffamation contre un journaliste de Mindanao
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Alberto Loyola, journaliste radio de la station DxRJ à Iligan, dans la province de Mindanao (sud), risque d’être placé à nouveau en détention provisoire, suite à deux accusations pour diffamation intentées par Chonilo Ruiz, l’un des membres du gouvernement local. Le reporter a été relâché sous caution de 10 000 pesos philippins (160 euros), le 20 avril 2011, après avoir passé presque quarante-huit heures en détention. Un nouveau mandat d’arrêt pourrait être lancé contre lui dans les prochains jours par la cour régionale d’Iligan. Alberto Loyola encourt une peine de six ans de prison. Le plaignant, qui par ailleurs réclame la somme de 3 millions de pesos philippins (50 000 euros), avait été accusé par le journaliste de détournement de fonds publics.
Nous condamnons les poursuites à l’encontre d’Alberto Loyola, qui a eu maille à partir à plusieurs reprises par le même conseiller municipal. Alberto Loyola avait déjà dénoncé Chonilo Ruiz, en janvier 2010, pour « tentative d’homicide » après s’être fait « tabassé » à son poste de travail. L’enquête sur l’agression du journaliste n’a donné lieu à aucune poursuite judiciaire. La diffamation, considérée comme relevant du pénal aux Philippines, est systématiquement utilisée par les autorités pour intimider les professionnels des médias. En 2006, plus d’une quarantaine de journalistes avaient déjà connu la même sort qu’Alberto Loyola, pour avoir dénoncé conjointement les détournements de fonds par l’époux de l’ex-présidente Gloria Macapagal-Arroyo.
« Je suis déterminé à faire face aux plaintes déposées par le conseiller Ruiz afin de faire sortir la vérité », a déclaré le journaliste. La Cour de justice ne n’est pas encore prononcée sur les charges qui seront retenues lors du procès. Richelieu Umel, président du bureau de la National Union of Journalists of the Philippines (NUJP) à Iligan, a également dénoncé l’arrestation d’Albert Loyola, un cas évident de harcèlement de média.
Les plaintes contre Alberto Loyola coïncident avec la libération d’Aaron Golifardo, ancien policier suspecté de l’assassinat de Fernando ‘Dong’ Batul, opérateur radio de la ville de Puerto Princesa, en 2006. Selon quatre témoins présents au moment des faits, l’officier, déjà été mis en cause dans d’autres affaires de meurtres, avait tiré sur le journaliste alors qu’il était à bord d’une moto avec une deuxième personne, non identifiée. Plus de 500 jours après le massacre de Mindanao, qui a coûté la vie à trente-deux journalistes, la situation de la liberté de la presse aux Philippines demeure critique. Le pays est classé 122e sur 178 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016