Dix organisations internationales interpellent la présidente Gloria Arroyo dans l'affaire Marlene Esperat

A la veille du procès des assassins de la journaliste et militante anticorruption Marlene Esperat, dix organisations internationales demandent à la présidente Gloria Arroyo de garantir un jugement exemplaire des exécutants et des commanditaires de ce crime. Les organisations s'engagent aux côtés de la famille, de l'avocate et des collègues de Marlene Esperat pour demander que justice soit rendue dans cette affaire. « La cour régionale de Cebu a prévu un procès rapide pour les assassins présumés qui ont déjà avoué leur crime. Mais nous regrettons que les noms des personnes suspectées d'avoir commandité cet assassinat ne soient pas inclus dans la procédure qui doit se dérouler du 22 au 24 mai prochain. Nous soutenons les demandes des associations philippines de défense de la liberté de la presse de réviser les conclusions de l'enquête. La justice ne doit pas entretenir l'impunité des commanditaires dans cette affaire qui avait ému les journalistes philippins et la communauté internationale. Il y va de sa crédibilité. » Les organisations demandent également à la présidente Gloria Arroyo de garantir la protection des témoins avant, pendant et après le procès. Elles soutiennent moralement et matériellement les efforts de la famille et des collègues de Marlene Esperat pour obtenir justice. A travers le Freedom Fund for Filipino Journalists, les organisations suivront le déroulement du procès. Le 24 mars 2005, à 19 heures 30, Gerry Cabayag s'est introduit dans la maison où Marlene Esperat dînait avec ses deux fils, à Tacurong, et l'a abattue d'une balle au-dessus de l'oeil droit. Elle est morte sur le coup. La journaliste, qui bénéficiait d'une protection policière depuis une attaque à la grenade perpétrée contre son domicile en 2003, avait exceptionnellement congédié l'agent chargé de sa sécurité pour qu'il puisse fêter Pâques en famille. Dès le 8 avril, un suspect, Randy Grecia, s'est rendu aux forces de l'ordre. Trois jours plus tard, les policiers ont arrêté trois autres personnes, dont le meurtrier présumé. Tous ont reconnu avoir reçu 120 000 pesos (environ 1 900 euros) pour exécuter la journaliste. En novembre 2005, la Cour suprême a approuvé la demande de la famille Esperat et du Freedom Fund for Filipino Journalists de transférer le dossier devant la cour de Cebu pour des raisons de sécurité. Initialement instruite à Tacurong, ville natale de la journaliste et lieu du crime, l'affaire était soumise aux pressions d'Osmena Montaner, fonctionnaire du département de l'Agriculure de Mindanao, soupçonné d'être l'un des commanditaires du crime. Les accusations pesant contre lui et l'une de ses collègues, Estrella Sabay, avaient été déclarées irrecevables par la cour, en août 2005, pour manque de preuves. Marlene Esperat avait mis au jour plusieurs affaires de malversations, notamment au sein du département de l'Agriculture. Elle avait déposé un dossier sur un scandale concernant des engrais chimiques auprès de l'ombudsman, un médiateur public en charge des affaires de corruption. La journaliste, qui se savait fortement menacée, avait déclaré, le 14 février 2005, dans une lettre adressée à la présidente Gloria Arroyo : « Je suis prête à mourir pour cette cause, mais vous ne pourrez jamais arrêter la volonté de Dieu. » La présente déclaration a été initiée par les organisations suivantes : Canadian Journalists for Free Expression Center for Media Freedom & Responsibility Committee to Protect Journalists International PEN International Press Institute Freedom Fund for Filipino Journalists Reporters sans frontières Southeast Asian Press Alliance The Rory Peck Trust World Press Freedom Committee
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Updated on 20.01.2016