Disparition inquiétante d’une journaliste en Colombie

Reporters sans frontières (RSF) fait part de sa préoccupation après la disparition de la journaliste hispano-colombienne Salud Hernández-Mora, correspondante du quotidien espagnol El Mundo, dont on est sans nouvelles depuis le samedi 21 mai. Elle réalisait un reportage dans la municipalité de El Tarra au nord du pays, une zone contrôlée par quatre groupes armés. El Mundo affirme qu’il s’agit d’une séquestration. Aucune revendication n’a pour le moment été officialisée

Dans le cadre de son travail, Salud Hernández-Mora, correspondante du quotidien espagnol El Mundo en Colombie, s’était rendue dans la région d’El Tarra, contrôlée par plusieurs groupes armés. Elle a disparu le 21 mai dernier. El Mundo affirme, citant des sources militaires sur place, qu’il s’agit d’une séquestration, mais aucun groupe guerrillero n’a pour l’instant pris position ni revendiqué d’enlèvement.


La zone ou Salud Hernández-Mora s’est évaporée, située dans la région de Catatumbo, est proche de la frontière vénézuélienne. Elle est occupée par quatre groupes de guerrilleros et de para-militaires, dont l’ELN (Ejército de Liberación Nacional), qui a l’habitude de communiquer lorsqu’il prend des otages. L’ELN n’a pour le moment émis aucune communication sur ce cas.


Selon les informations de RSF, la journaliste s’était rendue à El Tarra pour couvrir des protestations après la disparition de deux jeunes de la municipalité, et avait participé à plusieurs réunions pour organiser des recherches dans la région pour retrouver les deux individus (qui ont été localisés depuis). Salud Hernández-Mora a été vue pour la dernière fois en compagnie d’une religieuse locale. Après cette rencontre, elle s’est rendue en moto-taxi en direction de la ville de Filo Gringo, toujours dans la région de Catatumbo.


Elle aurait tenté d’activer plusieurs de ses sources pour pouvoir s’aventurer dans les zones plus reculées de la région, et a prévenu que la couverture du réseau téléphonique y était très difficile. Elle est bien arrivée à Filo Gringo, mais sa trace a été perdue depuis.


Nous sommes très inquiets et angoissés par la disparition de Salud Hernández-Mora, une journaliste chevronnée avec une grande expérience dans les zones contrôlées par la guerrilla et dévastées par les conflits armés. Nous appelons les autorités colombiennes à obtenir des résultats concrets et à coordonner son action en toute fluidité avec le gouvernement espagnol. Nous apportons tout notre soutien aux proches de la journaliste et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer sa protection, comme nous l’avons toujours fait dans des cas similaires”, a déclaré Malén Aznárez, présidente de Reporters sans frontières Espagne.


Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, a affirmé que son équipe était en contact permanent avec l’Ambassade à Bogotá, et suivait de près les opérations de recherche en Colombie. “Toutes les mesures ont été prises” afin de retrouver la journaliste, a-t-il affirmé.


Le Président de la Colombie, Juan Manuel Santos, a de son côté ordonné le déploiement d’une équipe spécialisée sur la zone afin de retrouver les traces de la journaliste, pour confirmer s’il s’agit vraiment d’un kidnapping et, si tel est le cas, d’en identifier les responsables.


« L’armée et la police nationale ont mis en place les procédures de recherche. A l’heure actuelle, des équipes de renseignement ont été déployées pour couvrir la zone et des renforts ont été mis à disposition pour poursuivre les opérations qui permettront de déterminer la localisation de Madame Hernandéz-Mora. L’armée et la police nationale font appel à la collaboration de la population avec les autorités afin de retrouver la journaliste » a déclaré par communiqué le Ministère de la Défense colombien.


Sur Twitter, le hashtag #DondeEstaSaludHernandez (Où est Salud Hernandez ?) a été repris par des milliers d’internautes pour demander une clarification rapide dans cette affaire.


Salud Hernandez Mora est correspondante pour la section internationale d’El Mundo depuis 1999. Journaliste expérimentée, elle est spécialisée dans la couverture des conflits armés en Colombie, et collabore également avec le quotidien colombien El Tiempo. Réputée pour son style incisif et ses positions critiques, elle ne laisse personne indifférent en Colombie. Sur son site internet on peut lire: ‘Je suis journaliste de coeur. Si je pouvais choisir un bureau ou travailler je serais avec les pompiers, prête 24h/24 à courir vers là où se déclenche le feu


La Colombie occupe la 134ème place (sur 180) au Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par RSF.

Publié le
Updated on 23.05.2016