Edgar Quintero, journaliste de la radio locale, Radio Luna, a été assassiné à Palmira (Valle del Cauca, sud-ouest du pays), le 2 mars, à peine 15 jours après le meurtre de Luis Peralta de Radio Linda à El Doncello (Caquetá, sud du pays). Reporters sans frontières (RSF) condamne ces assassinats et s’inquiète du climat d’impunité qui prévaut dans le pays.
Le journaliste Edgar Quintero a été assassiné le 2 mars dans les environs de la radio où il travaillait. La Fédération colombienne des journalistes (Fecolper) mentionne que le journaliste avait rendu publiques, il y a dix ans,
des menaces de la part de l’ancien maire de Palmira après avoir dénoncé des cas de corruption. La gérante de la radio, María Consuelo Luna, a déclaré aux médias locaux que le journaliste continuait de maintenir une ligne critique.
Ce crime s’ajoute à celui du 14 février dernier qui a coûté la vie à
Luis Carlos Peralta Cuéllar. Le propriétaire et directeur de la radio
Linda Stereo a été assasiné à son domicile à El Doncello, dans le département de Caquetá. Le journaliste abordait régulièrement des cas de corruption dans ses émissions et avait fait l’objet de menaces. Un suspect a été interpellé le 3 mars mais remis en liberté pour vice de procédure. Reporters sans frontières s’inquiète de la sécurité du collègue du journaliste
Geovanny Canacué Pajoy auquel Luis Carlos Peralta Cuéllar avait confié être menacé, une semaine avant son assassinat. Ce dernier a lui-même subi de nombreuses intimidations au cours des six dernières années et été contraint de se délocaliser plusieurs fois. Son cas doit être traité par l’Unité nationale de protection (UNP) et le parquet (Fiscalía) dans les meilleurs délais.
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Nous appelons les autorités à ne pas écarter la piste professionnelle et à mener des enquêtes exhaustives, indépendantes et impartiales dans ces deux affaires, déclare Claire San Filippo, responsable du bureau Amériques de l’organisation.
Ce deuxième assassinat vient rappeler la précarité de la sécurité des acteurs de l’information dans le pays. L’impunité généralisée ne permet ni aux journalistes d’exercer leur profession dans la sérénité ni aux victimes et à leurs familles d’obtenir justice. Cela doit cesser et les responsables de ces crimes doivent répondre de leurs actes.”
Entre 1980 et 2012, 27 journalistes ont été assassinés dans le département de Valle del Cauca ; neuf dans le département de Caquetá d’après les chiffres de Reporters sans frontières. Outre les assassinats, RSF a dénoncé de nombreuses exactions dans le département de Valle del Cauca y compris la tentative d’assassinat dont a été victime, le 19 novembre 2013,
Diego Gómez Valverde, directeur du
Canal Universitario, la chaîne de télévision de l’Université del Valle de Cali (Est). La même année, le journaliste Yesid Toro avait dû quitter la région pour fuir des menaces. Le
28 septembre 2014, le groupe paramilitaire « Los Urabeños », qui fait partie de la liste des
Prédateurs de la liberté de la presse établie par RSF, a menacé de mort huit journalistes de différents médias, à Cali et à Buenaventura. Leurs noms sont apparus sur une nouvelle liste noire quatre jours après que deux autres journalistes ont été menacés de façon similaire par la bande criminelle « Los Rastrojos ». « Los Urabeños » sont présents dans 337 municipalités du centre et de la côte caribéenne et en particulier dans les grandes mégalopoles de Cali et Medellín.
Deuxième pays le plus meurtrier des Amériques pour la profession, la Colombie reste extrêmement périlleuse pour exercer une activité journalistique. Le 9 février dernier, à l’occasion de la journée du journaliste, Reporters sans frontières avait demandé aux acteurs de l’information quel serait leur plus beau cadeau.
Leur réponse a été unanime : la sécurité physique et la fin de l’impunité.
La Colombie est 128ème sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en février dernier.