A deux semaines de sa libération, Abuzar Ali Al-Amin risque la perpétuité, voire la peine capitale
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Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par la décision de la justice soudanaise de maintenir en détention Abuzar Ali Al-Amin, rédacteur en chef adjoint du quotidien Rai Al-Shaab. Condamné à 5 ans de prison ferme le 15 juillet 2010, le journaliste avait bénéficié d'une réduction de peine, prononcée en mai 2011 par la Cour suprême. Il devrait être libéré le 3 juillet prochain. Mais suite à une série de plaintes déposées par les forces de sécurité soudanaises, il risque à nouveau la prison à vie, voire la peine de mort.
"Cette mise en examen, une fois encore prononcée en dehors de toute procédure judiciaire légale, et qui plus est, énoncée à deux semaines de la libération d'Abuzar Ali Al-Amin, relève, ni plus ni moins, du supplice moral. Les services de sécurité s'acharnent de manière odieuse sur le journaliste, qui devait enfin recouvrer sa liberté. Nous appelons les autorités soudanaises à revenir sur ces accusations très graves et à libérer Abuzar Ali Al-Amin sans délais", a déclaré Reporters sans frontières.
Selon des sources contactées par Reporters sans frontières, le juge Mudathir Al-Rashid aurait annoncé à Abuzar Ali Al-Amin, le 19 juin 2011, sa mise en examen à la demande du procureur des forces de sécurité. Au terme de son actuelle détention, le journaliste sera transféré vers les bureaux du procureur général pour les crimes envers l'Etat. A l'origine de cette décision, au moins deux plaintes déposées par les forces de sécurité (NISS- National Intelligence and Security Services). La première aurait été déposée par un agent de sécurité qui aurait été intentionnellement blessé par Abuzar Ali Al-Amin lors de son arrestation, en mai 2010. La seconde plainte serait fondée sur des articles écrits par le journaliste dans le quotidien Rai Al-Shaab, affilié au parti de l'opposition Parti du congrès populaire (PCP) et suspendu le 16 mai 2010.
A ce jour, le journaliste pourrait être inculpé sur la base de plusieurs articles du code pénal. Les articles 21 et 24 sur la conspiration criminelle, l'article 50 sur les attaques contre l'Etat en vue de miner le système constitutionnel et l'article 66 sur la publication d'informations erronées. La violation de l'article 50 est passible de la peine capitale. A cela s'ajouteraient les violations des articles 24, sur la responsabilité des rédacteurs en chefs et l'article 26, sur les devoirs des journalistes, de la loi sur la presse.
Abuzar Ali Al-Amin a été torturé en mai 2010
Ironie du sort, le journaliste accusé d'avoir blessé un agent de sécurité a été lui-même torturé durant sa détention. Les allégations de tortures ont toujours été rejetées par les forces de sécurité et aucune enquête n'a été menée à ce sujet.
Publié le
Updated on
20.01.2016