Deux radios suspendent leurs émissions

Reporters sans frontières dénonce les graves attaques dont ont été victimes deux radios privées les 27 et 28 octobre et demande aux autorités haïtiennes de garantir la sécurité des journalistes. L'organisation réclame également l'ouverture d'enquêtes pour déterminer l'identité des responsables de ces actes. "De nouveau, nous demandons aux autorités haïtiennes de rompre avec l'impunité dont bénéficie ceux qui s'en prennent aux médias. Il est particulièrement préoccupant que ces nouvelles agressions surviennent après de nouvelles déclarations contre la presse de proches, voire de membres du gouvernement", s'est inquiété Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Le 28 octobre 2003, des individus armés de mitraillettes ont ouvert le feu sur les locaux de la station privée Radio Caraïbes, à Port-au-Prince. L'attaque n'a pas fait de victimes, mais a gravement endommagé la façade de l'immeuble ainsi que la voiture d'Harold Domond, un chroniqueur sportif de la radio. Selon des témoins, le véhicule des assaillants portait une plaque officielle. Jean-Elie Moléus, directeur de la rédaction, a déclaré le 29 octobre à l'AFP que la station recevait régulièrement des menaces. Radio Caraïbes a suspendu momentanément ses émissions. Le 27 octobre, Radio Maxima, une station privée basée au Cap-Haïtien (Nord), avait également suspendu ses programmes d'information. Sa direction affirme avoir reçu des menaces émanant de personnes proches du pouvoir. Jean Robert Lalanne, directeur de la radio, est une figure locale de l'opposition, laquelle réclame depuis un an le départ du président Aristide. Selon un article publié le 22 octobre 2003 sur le site Internet de la station privée Radio Métropole, les critiques du pouvoir contre la presse se sont multipliées au cours des dernières semaines. L'article rapportait les déclarations du 21 octobre du premier ministre Yvon Neptune, insinuant que la presse ne rapportait pas fidèlement les faits. Dans le classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières le 20 octobre 2003, Haïti apparaît à la 100ème position sur 166 pays (le 166e est le pays où la situation de la liberté de la presse est la plus mauvaise). Les journalistes travaillant pour des médias indépendants y sont fréquemment menacés ou agressés. Depuis 2000, une trentaine de professionnels de l'information ont pris le chemin de l'exil et deux autres ont été tués : Jean Dominique, directeur de Radio Haïti Inter (le 3 avril 2000), et Brignol Lindor, de Radio Echo 2000 (le 3 décembre 2001).
Publié le
Updated on 20.01.2016