RSF somme les autorités haïtiennes de tout mettre en oeuvre pour retrouver le propriétaire de la chaîne Télé Pluriel

Le propriétaire d’une des principales chaînes indépendantes haïtiennes, Pierre-Louis Opont a disparu le 20 juin à Port-au-Prince, une semaine après l'enlèvement, pendant quelques heures, de son épouse, la journaliste Marie-Lucie Bonhomme. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités haïtiennes de tout faire pour le retrouver et pour protéger les journalistes haïtiens des attaques des gangs armés.


Mise à jour du 29/08/23 : Le 25 août, après le paiement d'une rançon par as famille, le journaliste Pierre-Louis Opont a été libéré. RSF souligne l'importance pour les autorités haïtiennes d'intensifier leurs efforts pour identifier les responsables et les amener devant la justice.


 

Pierre-Louis Opont, ancien président du Conseil électoral provisoire et propriétaire avec son épouse, Marie-Lucie Bonhomme, de la chaîne de télévision indépendante Télé Pluriel, est porté disparu depuis le 20 juin. Sa femme est sans nouvelles depuis un dernier appel passé, à partir de la commune résidentielle de Tabarre, à l'est de Port-au-Prince. Pierre-Louis Opont lui avait alors affirmé qu’il serait de retour chez eux quelques minutes plus tard.

Quelques jours plus tôt, dans la nuit du 13 juin, Marie-Lucie Bonhomme, journaliste pour la radio Vision 2000 et la chaîne de télévision indépendante Télé Pluriel, a été enlevée à son domicile par une trentaine d’hommes armés appartenant au gang connu sous le nom de Kraze Baryè. Sa maison a été saccagée. Avant d’être reconduite chez elle à 8h du matin, la journaliste a eu une brève conversation avec le leader du gang. “Je pense avoir été délibérément ciblée. Il est clair qu’il savait qui j'étais”, a-t-elle déclaré à la presse après son enlèvement, craignant désormais que son mari soit aussi aux prises de bandes armées.

“Les journalistes haïtiens risquaient déjà leur vie lorsqu’ils se rendaient sur le terrain, désormais, ils sont en danger même lorsqu’ils sont chez eux. L'enlèvement récent de la journaliste Marie-Lucie Bonhomme, et la disparition de son mari, propriétaire de la chaîne Télé Pluriel montrent que les journalistes ne sont plus en sécurité nulle part. RSF demande au gouvernement haïtien de redoubler d’efforts pour obtenir la rapide libération de Pierre-Louis Opont et de prendre des mesures urgentes pour protéger les journalistes haïtiens de la violence des gangs, de mettre un terme au climat de terreur dans lequel ils sont plongés aujourd’hui et de créer les conditions de sécurité nécessaires à l'exercice du journalisme dans le pays.”

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

En 35 ans de carrière, Marie-Lucie Bonhomme, qui présente quotidiennement une tranche d’information matinale sur la radio Vision 2000, a déjà reçu des menaces de la part de gangs. Elle n’est plus en mesure aujourd’hui de travailler normalement, et son enlèvement fait craindre aux journalistes haïtiens de subir le même sort. Il les incite au silence et à l'autocensure concernant tout sujet relatif aux gangs armés, dont ils sont devenus depuis deux ans, une cible privilégiée.

En 2022, six journalistes ont perdu la vie pour des raisons liées à leur métier. En février dernier, un autre journaliste de la radio Vision 2000, Jean Tony Lorthé, a été enlevé et libéré sur rançon quinze jours plus tard. En avril, c'était au tour de Robert Denis, directeur général de la chaîne Canal Bleu et vice-président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), d'être enlevé par un groupe armé.

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