Deux radios privées incendiées à Saint-Marc

Reporters sans frontières condamne les attaques subies par Radio Pyramide et Radio America le 15 janvier dans la ville de Saint-Marc (120 km au nord de Port-au-Prince). L'organisation appelle tous les groupes politiques à faire baisser la tension et à garantir le respect de la liberté de la presse. Le 15 janvier 2004, des partisans de l'opposition ont incendié les locaux de Radio Pyramide, à l'issue d'une manifestation antigouvernementale dans les rues de la ville de Saint-Marc. Les assaillants ont détruit le matériel de la station et menacé d'exécuter le personnel de la radio et son directeur. Ce dernier doit son salut à l'intervention de la police. Le domicile du procureur Freneau Cajuste, accusé de persécuter les membres de l'opposition, a également été incendié. Le magistrat abritait chez lui le studio de Radio America. Les partisans de l'opposition reprochent à Radio Pyramide d'être proche de Fanmi Lavalas (parti au pouvoir) et de relayer la propagande du gouvernement. Plusieurs sources indiquent que ces agressions auraient été menées par une organisation dénommée Ramicos, en représailles à l'attaque armée de manifestants anti-gouvernementaux par des partisans du Président, qui avait fait trois blessés. Fritson Orius, le propriétaire de Radio Pyramide, avait par ailleurs dénoncé l'existence d'un complot contre sa radio au cours de plusieurs interviews. Il avait accusé Marc Antoine Adolphe, responsable de Radio Tête à Tête, récemment fermée par les autorités, de préparer une attaque contre sa station. Ce dernier, en exil en République dominicaine, avait démenti les accusations. Radio Pyramide venait juste de reprendre ses émissions, après un premier sabotage en novembre 2003. Fritson Orius avait été arrêté par la police le 14 janvier 2004 après qu'un manifestant avait été blessé par balle devant le local de sa radio. Il avait déclaré avoir donné l'ordre à un gardien de tirer en l'air pour disperser les manifestants. Le 13 janvier, un commando de plusieurs hommes armés et cagoulés avait détruit les équipements de transmission de huit radios et d'une chaîne de télévision de tendances diverses, les contraignant à cesser d'émettre. Reporters sans frontières avait condamné ces attaques et exprimé son inquiétude quant à une nouvelle forme de censure.
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Updated on 20.01.2016