Deux nouveaux journalistes arrêtés par la junte birmane

Alors qu’ils fuyaient la police, un chroniqueur politique et une présentatrice de la BBC sont maintenus au secret depuis leur interpellation. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ces détentions arbitraires et exige leur libération immédiate.

C’est le dernier coup de filet orchestré par l’armée. Le 15 août, le chroniqueur politique Sithu Aung Myint, qui travaille notamment pour le magazine Frontier Myanmar et la radio Voice Of America (VOA), a été débusqué par la police alors qu’il vivait en clandestinité dans un appartement du quartier de Bahan, à Rangoun. Sa consœur Htet Htet Khine, qui présente l’émission en ligne “Khan Sar Kyi” (“Sensations”, en birman) pour la BBC Media Action, a été arrêtée par la même occasion.


L’information a été révélée dans les médias birmans en exil hier, jeudi 19 août. Depuis leur interpellations, les deux journalistes n’ont eu accès à aucun avocat.

 

“L’arrestation de Htet Htet Khine et Sithu Aung Myint est d’autant moins acceptable qu’ils sont maintenus au secret en violations de toutes les lois internationales les plus élémentaires, déclare le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous condamnons avec la plus grande fermeté les conditions arbitraires de ces détentions, qui sont à l’image de la brutalité avec laquelle la junte militaire au pouvoir traite les journalistes.”


Sithu Aung Myint fait partie des nombreux journalistes dont le nom est inscrit sur la liste noire mise en place par la junte, dont RSF avait révélé l'existence en avril dernier. Il est, à ce titre, poursuivi au motif de l’article 505.a du code pénal birman, qui punit notamment la diffusion d’informations contrevenant aux intérêts de l’armée.


Son nom, ainsi que celui de Htet Htet Khine, viennent s’ajouter à la cinquantaine de journalistes actuellement maintenus en détention dans les geôles birmanes, dont RSF tient à jour un décompte régulier.


Cela faisait presque un mois qu’aucun journaliste n’avait été arrêté en Birmanie. Le 20 juillet, Mya Wunn Yan, rédactrice en chef de l'agence de presse locale Than Lwin Thway Chinn, a été interpellée par la police de l'État Shan, dans l’est de la Birmanie. Elle est depuis maintenue en détention. 


Six mois après le putsch du 1er février 2021, RSF a publié le récit de l'implacable répression de la liberté de la presse imposée par la junte.


La Birmanie se situe actuellement à la 140e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 24.08.2021