Deux journaux d'opposition bientôt contraints à la fermeture

La cour régionale d'Almaty a ordonné, le 25 mars 2005, la liquidation de la société Bastau, propriétaire de l'hebdomadaire d'opposition Respublika, entraînant ainsi la fermeture de ce dernier. Parallèlement, la cour économique d'Almaty doit confirmer en appel l'amende de près de 40 000 euros infligée au journal d'opposition Soz. Reporters sans frontières proteste fermement contre ces condamnations, qui constituent de nouvelles atteintes au pluralisme de l'information au Kazakhstan, et s'inquiète de la dégradation progressive de la liberté de la presse dans le pays. « Nous interpellons le président Noursultan Nazarbaïev pour qu'il fasse cesser immédiatement ces pressions inacceptables à l'encontre de la presse d'opposition. La justice ne doit en aucune façon servir à faire taire les voix dissidentes », a déclaré l'organisation. La cour régionale d'Almaty a ordonné la liquidation de Bastau après une plainte déposée par le Comité des archives et de l'information du ministère de la Culture kazakh, qui reproche à l'hebdomadaire Respublika la « violation de l'intégrité de la République du Kazakhstan ». Dans un article daté du 20 janvier 2005, Respublika avait transcrit une interview de Vladimir Jirinovsky, leader du parti nationaliste russe LDPR, dans laquelle ce dernier critiquait la voie empruntée par le Kazakhstan dans ses relations avec son grand voisin russe. L'éditorial de Respublika avait alors soutenu les propos du politicien russe et sa réflexion sur les liens futurs entre la Russie et le Kazakhstan. D'après le ministère kazakh de la Culture, de l'Information et du Sport, le journal aurait ainsi « participé à la promotion de l'idée de la supériorité d'une nation sur une autre, blessé l'unité du peuple du Kazakhstan et insulté l'honneur et la dignité de la nation». La cour d'Almaty lui a donné raison. Respublika avait déjà dû arrêter sa publication dans des circonstances similaires en mai 2002 : la précédente société propriétaire du journal, PR-Konsalting, avait été liquidée à la suite d'une plainte du ministère de la Culture. Parallèlement, la cour économique d'Almaty doit confirmer ou non en appel l'amende de près de 40 000 euros infligée au journal d'opposition Soz, pour « injure au KGB », à la suite de la publication d'une brève publiée en septembre 2004. Le journal risque également la fermeture.
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Updated on 20.01.2016