Deux journalistes violemment agressés à Novossibirsk

Читать по-русски / Lire en russe Reporters sans frontières fait part de sa profonde inquiétude concernant les agressions violentes de deux journalistes de Novossibirsk (capitale de la Sibérie, Russie), Andreï Chelnokov (Андрей Челноков) et Boris Komarov (Борис Комаров) les 1er et 8 avril derniers. Des enquêtes ont été ouvertes pour déterminer les causes de ces agressions. « La police doit mener des enquêtes approfondies et transparentes sur ces derniers cas choquants d’attaques contre des journalistes. La piste professionnelle, qui semble la plus crédible à ce jour, ne doit pas être écartée. Un terme doit être mis à l’impunité dont jouissent ceux qui s’en prennent aux acteurs de l’information. Nous sommes inquiets de la dégradation de la situation de la liberté de l’information en Russie, dont ces attaques sont symptomatiques, tout comme la persistance de l’impunité, la multiplication des poursuites contre des journalistes sous des prétextes fallacieux et la cascade de lois répressives adoptées ces derniers mois », a déclaré l’organisation. Andreï Chelnokov, 48 ans, est président de la direction de l’union des journalistes du territoire de Novossibirsk et rédacteur en chef de plusieurs journaux, tels que Sibir’ : moment istini («Сибирь: момент истины», La Sibérie : le moment de la vérité), et de « Novosibirskij journalist » («Новосибирский журналист», Le journaliste de Novosibirsk). Le 1er avril, alors qu’il rentrait à son domicile d’une conférence sur le journalisme, il a été frappé à la tête avec un objet lourd par un inconnu, après quoi il a perdu la conscience. Il a disparu pendant 10 jours avant d’être retrouvé grâce à géolocalisaton de son téléphone portable. Il souffre de fractures au nez et aux côtes et a subi des pertes de mémoire. La police a appris l’incident par les médias, parce que Andreï Chelnokov ne voulait pas porter plainte : il avait du mal à se souvenir de ce qui s’était passé et il ne voyait pas de sens à cela. La police a ouvert, le 19 avril 2013, une procédure pénale en vertu de l’article 115 du code pénal pour avoir “causé des dommages légers à la santé d'autrui", délit qui peut être puni de 2 ans de prison maximum. Andreï Chelnokov a confié à l’ONG de défense de la liberté de la presse Glasnost Defence Foundation avoir reçu des menaces en raison de ses enquêtes journalistiques. Cette agression n’est pas un cas isolé. Le 8 avril, Boris Komarov, 53 ans, président du groupe « Uniton-media » a été hospitalisé à Novossibirsk après une agression violente par deux inconnus masqués qui l’ont roué de coup dans le parking de l’immeuble où se trouve son bureau. Il souffre d’une commotion cérébrale et d’une fracture de la mâchoire. Une enquête est en cours. L’article 213 sur le « hooliganisme » prévoit jusqu’à 7 ans de prison ferme. Sergey Gloushkov, le responsable du ministère des Affaires intérieures du territoire de Novossibirsk, a promis de la suivre personnellement, affirmant qu’il est « d’accord avec la communauté journalistique sur le fait que c’est un crime dangereux pour la société ». En 2011 Boris Komarov avait déjà fait l’objet d’une agression en 2011. Il avait alors subi une blessure à la jambe. Les responsables de cette agression n’ont jamais été retrouvés ni inquiétés. Depuis le début de l’année 2013, la Glastnost Defence Foundation a déjà enregistré au moins 19 cas d’agressions contre des journalistes et collaborateurs de médias en Russie. Ce pays occupe la 148e place sur 179 pays dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. RSF a récemment lancé une campagne intitulée « Sotchi 2014 », détournant le logo des anneaux olympiques en un poing américain ensanglanté, rappel de l’impunité dont bénéficient toujours de trop nombreux assassins et agresseurs de journalistes dans ce pays. Image : Alexey Sazonov / AFP
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Updated on 20.01.2016