Deux journalistes passés à tabac par la police dans l'Assam

Le pays a connu une vague de violence à l'encontre de la presse pendant la semaine du 6 février 2006 : un journaliste a été victime d'une tentative d'assassinat, les locaux d'une chaîne de télévision et d'un quotidien ont été saccagés et un documentaire censuré. Reporters sans frontières est indignée par ces violences et appelle le gouvernement à s'assurer que leurs auteurs seront punis.

Reporters sans frontières dénonce le passage à tabac par la police locale des journalistes Robin Dhekial Phukan et Parag Bhuyan, le 17 février 2006, dans la ville de Kakopathar (Etat de l'Assam, Nord-Est). Respectivement correspondant du quotidien en langue assamaise Asomiya Pratidin et journaliste pour le Dainik Janambhumi, ils couvraient une visite du chef du gouvernement de l'Etat, Tarun Gogoi. « Il est choquant que des journalistes soient tabassés pour la seule faute d'exercer leur métier. Nous demandons que les fonctionnaires impliqués dans ces violences soient sanctionnés», a déclaré Reporters sans frontières. Le 17 février 2006, un policier a agressé Robin Dhekial Phukan alors qu'il était venu couvrir l'événement. Après avoir été violemment battu, il fut conduit au poste de police. Grièvement blessé, il a été hospitalisé. Parag Bhuyan a été blessé lors d'une charge de la police contre la population locale qui scandait des slogans anti-gouvernementaux. Le journaliste a été transporté à l'hôpital de Kakopathar puis transféré à Tinsukia. Un officier de police a refusé de commenter les incidents aux journalistes qui ont alors boycotté la conférence de presse du chef du gouvernement. ------------------------------------------------------------ 14.02.2006 Violences contre la presse au Cachemire, au Manipur et à Mumbai Reporters sans frontières est indignée par la vague de violence qui s'est abattue sur des médias indiens dans la semaine du 6 février 2006. Un journaliste victime d'une tentative d'assassinat, les locaux d'une chaîne de télévision et une rédaction saccagés, un documentaire censuré : c'est une semaine noire pour la liberté de la presse dont les groupes armés religieux et indépendantistes portent la responsabilité. « Nous demandons au gouvernement de New Delhi de s'assurer que des enquêtes sérieuses seront menées afin que les auteurs de ces violences soient punis. Les groupes religieux ou indépendantistes portent une responsabilité incontestable dans ces violences. Leur intolérance nuit à une amélioration durable des conditions de travail des journalistes », a affirmé Reporters sans frontières. Le 12 février, le groupe armé Parti communiste Kangleipak a revendiqué dans un communiqué de presse la tentative d'assassinat de Ratan Luwangcha, chef du bureau du quotidien régional Poknapham à Imphal (Etat de Manipur, Nord-Est). Le 9 février, trois hommes armés ont tiré à plusieurs reprises sur le journaliste, âgé de 40 ans, avant de s'enfuir à moto. Atteint de trois balles dans le ventre et les jambes, le journaliste, également secrétaire général de l'Union des journalistes de l'Etat de Manipur, a immédiatement subi une opération. « Il est dans un état critique et une seconde opération sera peut-être nécessaire. Il va probablement rester au moins trois mois à l'hôpital », a déclaré sa famille. Les journalistes de la région ont organisé une grève des publications pour dénoncer « cet acte barbare ». Le 9 février toujours, les locaux du quotidien régional Greater Kashmir ont été saccagés, dans la nuit, par six membres de la faction Javed Mir du Front de libération du Jammu et Cachemire (JKLF). Ils ont fait irruption dans la salle de rédaction du quotidien à Srinagar (Nord-Ouest) après que celui-ci avait refusé de publier l'un de leurs communiqués. En représailles, ils ont cassé des vitres, volé des ordinateurs et blessé trois employés. Après des menaces téléphoniques reçues le matin même, un dispositif de sécurité avait été placé à l'extérieur du journal. La police a interpellé un suspect, Wajhat Qureshi, qui a été libéré sous caution le 10 février. Greater Kashmir est le plus gros tirage du Cachemire indien. Il a fait l'objet dans le passé de plusieurs attaques et menaces. Le 8 février, les locaux de la chaîne nationale Zee à Mumbai (Centre-Ouest) ont été saccagés par des militants du parti hindou extrémiste Shiv Sena, après la diffusion d'un sketch sur les conflits au sein de la famille Thackeray qui dirige ce parti. «Cet acte de vandalisme est une réponse à ce sketch haïssable (...) qui ridiculise le président, Uddhav Thackeray, et son cousin Raj. (...) Mille mercis à vous et gardez la flamme vivante », a affirmé Bal Thackreray, chef du Shiv Sena, en Une du journal Saamna. Quatre personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire. Le 8 février, le producteur et réalisateur Atul Gupta a annoncé que le Bureau central des certifications de films (CBFC) avait refusé, en vertu de la loi sur le cinéma de 1952, de délivrer un certificat de diffusion pour son documentaire « Waiting » sur la vie des épouses de disparus au Cachemire. Le réalisateur a par ailleurs révélé que, pendant le tournage, son équipe avait été menacée par des militaires indiens et certains civils cachemiris. « Il ne traite pas de manière compréhensive de ce sujet complexe et poignant », a justifié le CBFC. Plusieurs réalisateurs de courts-métrages et des organisateurs de festivals ont appelé le ministre de l'Information, Priyaranjan Dasmunsi, à réviser la loi de 1952.
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Updated on 20.01.2016