Deux journalistes otages des Houthis tués lors de raids aériens

Reporters sans frontières tient les rebelles houthis pour responsables de la mort des journalistes Abdallah Qabel et Youssef Al-Aizari, tués suite à des bombardements de la coalition arabe alors qu’ils étaient retenus en otage dans la province de Dhamar, au centre du Yémen. Alors que des pourparlers à Genève ont été reportés à une date indéterminée, l’insécurité des acteurs de l’information demeure très préoccupante.

Les corps des journalistes Abdallah Qabel, correspondant de Yemen Youth TV et la chaîne Belqees TV, et Youssef Al-Aizari correspondant de la chaîne Suhail TV, ont été rendus aux familles le 25 mai 2015. Reporters sans frontières condamne fermement les actions des rebelles houthis au Yémen qui n’hésitent pas à enlever des journalistes et à les détenir dans des lieux susceptibles d’être bombardés par la coalition. Ces actes répressifs obligent un certain nombre d’entre eux à prendre le chemin de l’exil. “Nous rappelons que les attaques contre la presse et les enlèvements de journalistes sont considérés comme des crimes de guerre et des infractions graves aux Conventions de Genève. Toutes les parties du conflit armé devront répondre de leurs actes envers les civils et notamment les journalistes”, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Maghreb-Moyen-Orient de RSF. Les deux journalistes avaient été enlevés le mercredi 20 mai après avoir couvert une rencontre organisée par des membres de tribus opposées aux Houthis dans le quartier de Al Hada, dans la province de Dhamar (au sud de la capitale yéménite). Ils ont été tués par les raids aériens de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite visant des sites militaires contrôlés par les houthis. Selon le syndicat des journalistes yéménites qui avait condamné leur enlèvement, ils étaient détenus dans le centre national sismologique à Jabal Hiran, un batiment qui a été détruit par les bombardements de la coalition le 21 mai dernier. Les familles des journalistes avaient lancé un appel le 21 mai pour alerter les médias et les organisations des droits de l’homme locaux et internationaux sur leur enlèvement et appeler à une mobilisation pour accélerer leur libération. Elles avaient notamment expliqué que les journalistes et l’activiste Hussein Al-Ayssi avaient été arrêtés à un barrage militaire et fouillés avant de voir leur équipement ainsi que leurs biens confisqués par des rebelles houthis. Elles avaient aussi précisé qu’ils étaient détenus avec une dizaine d’autres individus dans un bâtiment à Jabal Hiran. Les médias Suhail TV, Belqees TV et Yemen Youth TV avaient condamné la détention des journalistes en tenant les rebelles pour responsables de leur sort. Le gouvernement, via le ministère de l’Information, ainsi que certains médias locaux accusent les Houthis de se servir de leurs otages comme des “boucliers humains” dans cette guerre. Un représentant des rebelles houthis a réfuté cette expression estimant que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ne faisait aucune distinction entre les cibles civiles et militaires. De nombreux journalistes enlevés ou disparus Le journaliste soudanais Hassan Othman Badr qui travaille pour l’agence officielle de presse saoudienne SPA à Sanaa a été arrêté dans la province Hadida, à l’est du pays, par les rebelles il y a plus d'un mois. Il a été libéré le 13 mai. Le journaliste Jalal Al-Shar’abi a été enlevé le 24 avril dernier à son domicile par des membres des forces de sécurité houthis qui ont tiré sur sa voiture, blessant gravement son chauffeur. Son sort demeure à ce jour inconnu. Waheed Al-Sufi, rédacteur en chef du quotidien Al-Arabiya, a été enlevé le 6 avril par des inconnus alors qu’il se trouvait dans un bureau de poste. Ces derniers lui auraient demandé si il travaillait pour la chaîne saoudienne du même nom. Le Yémen figure à la 168 ème place (sur 180) du Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016