Deux journalistes menacés de mort à Barrancabermeja

Diego Waldrón et Garibaldi López, deux présentateurs de la station Calor Estereo à Barrancabermeja, ont reçu des menaces de mort à plusieurs reprises depuis le début de l'année. Après la mort de José Emeterio Rivas, animateur sur la même radio, en avril 2003, de plus en plus de journalistes ont fait état de menaces et d'agressions.

Le 14 février, Diego Waldrón, directeur de l'hebdomadaire Siete Dias et présentateur de l'émission quotidienne "Noticias en Caliente", diffusée sur Calor Estéreo, à Barrancabermeja (Est), a été menacé, à son domicile, par le garde du corps d'une personne proche de la mairie. Le journaliste avait dénoncé la veille, dans son émission, la sous-qualification d'une personne nommée par le maire à la tête d'une entreprise municipale. Diego Waldrón avait déjà été menacé de mort, le 26 janvier 2004, par le frère du président de la chambre de commerce. Ce dernier avait tenté de l'agresser avec une barre de fer, après que le journaliste avait fait état de malversations dans la gestion de la chambre. L'agresseur était revenu l'attendre devant sa maison, deux jours plus tard, mais il avait été neutralisé par la police, avant d'être relâché. Le 9 février, Garibaldi López, directeur de deux espaces d'information ("Actualidad en Estéreo" et "Controversia") sur Calor Estéreo, avait également été menacé. Il avait reçu, à son domicile, un appel des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) affirmant : "Le premier était José Emeterio Rivas (journaliste tué en avril 2003), le deuxième sera Garibaldi López et le troisième sera Diego Waldrón." Les émissions animées par le journaliste à la radio traitent de l'actualité en général, y compris des sujets relatifs aux AUC, qui lui reprochent de trop parler. Multiplication des tensions
Les dénonciations de menaces contre des journalistes travaillant dans la région de Barrancabermeja se sont multipliées depuis plusieurs mois. Le 28 janvier, Inés Peña, présentatrice de la séquence "Cultura por la vida" de l'émission d'information "La Mohana", diffusée sur la chaîne régionale Enlace 10 à Barrancabermeja, avait été enlevée et torturée par des membres des AUC. La journaliste avait dénoncé l'arrivée des paramilitaires dans la région et les violations de droits de l'homme commises par les différents groupes armés. En octobre 2003, Pedro Javier Galvis Murillo, de l'hebdomadaire La Noticia, et Yaneth Montoya, correspondante du quotidien régional Vanguardia Liberal, avaient été contraints de quitter la ville après avoir été menacés de mort. Une liste des personnes à abattre attribuée aux AUC et comportant le nom de Yaneth Montoya avait été remise au défenseur du peuple (médiateur). Selon le dernier rapport de la Fédération pour la liberté de la presse (FLIP) paru en février 2004, la dénonciation de faits de corruption par les journalistes est l'une des causes principales des agressions et des menaces qu'ils subissent. L'organisation souligne que dans de nombreux cas, les fonctionnaires mis en cause et les groupes armés se sont alliés pour faire taire les journalistes. D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, il est fréquent, depuis plusieurs mois, que les fonctionnaires de Barrancabermeja dont la gestion est mise en cause par la presse revendiquent leurs liens avec les AUC pour faire pression sur les journalistes.
Publié le
Updated on 20.01.2016