Deux journalistes détenus dans le cadre de l'état d'urgence pour avoir critiqué le gouvernement

Milovan Brkic et Dragisa Petrovic, correspondants à Belgrade et Kragujevac (nord de Belgrade) du quotidien Dan de Podgorica (Monténégro), sont détenus depuis le 7 avril par la police dans le cadre de l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie au Premier ministre, Zoran Djindjic, le 12 mars dernier. Ils sont soupçonnés, sur la base de certains de leurs articles accusant le gouvernement d'être lié à la mafia, d'être eux-mêmes liés au groupe mafieux dit "clan de Zemun", suspect n°1 de l'attentat. La police affirme que les journalistes auraient, à la demande du clan, gêné la poursuite de l'enquête en désinformant sciemment le public. "Il serait extrêmement grave que ces deux journalistes aient été arrêtés parce qu'ils ont critiqué le gouvernement dans leurs articles, car cela équivaudrait à les accuser de délit d'opinion. Or, à ce jour, aucune preuve n'a été apportée qui démontre les liens supposés de Milovan Brkic et Dragisa Petrovic avec la mafia ", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans un courrier adressé à Dusan Mihajlovic, ministre de l'Intérieur, et à Branilsav Lecic, ministre de l'Information publique. "Nous vous demandons de bien vouloir faire la lumière sur les motifs de l'arrestation de ces deux journalistes et de les libérer immédiatement si aucun élément autre que leurs écrits ne justifie leur détention", a ajouté Robert Ménard. L'état d'urgence autorise la police à détenir toute personne qui "menace la sécurité d'autres citoyens de la République" pendant une période allant jusqu'à trente jours sans qu'elle soit autorisée à contacter un avocat, des membres de sa famille ou qu'elle comparaisse devant un juge. Le ministère de l'Intérieur a le pouvoir de prolonger de trente jours cette détention. Le 18 mars, le ministère de la Culture et de l'Information a suspendu la distribution du quotidien Dan, après la publication de plusieurs articles questionnant l'état d'urgence et les mesures prises par le gouvernement dans ce cadre. La société STAMPA Komerc distributing company a été condamnée à payer une amende de 200 000 dinars (3 300 euros). Reporters sans frontières rappelle que le 17 mars est entré en vigueur le "décret sur la prévention de l'information publique, la distribution de la presse et autres notifications concernant les raisons de la proclamation de l'état d'urgence et les mesures appliquées dans ce cadre". Ce décret interdit aux médias de publier des informations sur l'assassinat de Zoran Djindjic qui n'ont pas été confirmées par le gouvernement. Il prévoit des peines d'amendes allant jusqu'à 500 000 dinars (8 200 euros) et la suspension temporaire de tous types de médias.
Publié le
Updated on 20.01.2016

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