Deux journalistes condamnés à douze et six mois de prison

Raymond Kabala et Delly Bonsange, les deux responsables du journal Alerte Plus, ont été condamnés à douze et six mois de prison après avoir publié un article sur la santé du ministre de la Sécurité. Ils purgent leur peine au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa.

Reporters sans frontières a protesté contre la condamnation des deux responsables du journal Alerte Plus à des peines de prison ferme. "La République démocratique du Congo reste l'un des pays les plus répressifs du continent africain en matière de liberté de la presse. Les tribunaux n'hésitent pas à prononcer des peines de prison et à demander des amendes exorbitantes", a souligné Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé au président de la République, Joseph Kabila (photo). "Dans ce cas précis, il est clair que les sentences prononcées vont entraîner la disparition de la publication, affaiblissant encore un peu plus la presse privée congolaise", a ajouté le secrétaire général. Sans se prononcer sur le fond de cette affaire, Reporters sans frontières a demandé au chef de l'Etat de tout mettre en œuvre pour la libération des deux journalistes. L'organisation a rappelé que dans un document publié en janvier 2000, le rapporteur spécial des Nations unies pour la promotion et la protection de la liberté d'expression a demandé à tous les gouvernements de "veiller à ce que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d'emprisonnement", jugeant ces sanctions "hors de proportion avec le dommage subi par la victime". Le président Joseph Kabila figure sur la liste des quarante-deux prédateurs de la liberté de la presse établie par Reporters sans frontières. Le 6 septembre 2002, Raymond Kabala, directeur de publication d'Alerte Plus, et Delly Bonsange, éditeur du même journal, ont été condamnés respectivement à douze et six mois de prison. Le tribunal de paix de Kinshasa N'Djili les a reconnus coupables "d'imputations dommageables" et de "faux en écriture". Les deux journalistes ont également été condamnés à verser en tout 300 000 dollars (environ 306 000 euros) de dommages et intérêts à Mwenze Kongolo. Ils sont détenus au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK). Raymond Kabala et Delly Bonsange avaient été interpellés les 19 et 22 juillet 2002 après avoir publié un article affirmant que le ministre de la Sécurité et de l'Ordre public, Mwenze Kongolo, "serait empoisonné". Dès le lendemain de la parution, Alerte Plus avait publié un rectificatif reconnaissant que l'information était fausse.
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Updated on 20.01.2016