Deux journalistes citoyens remis en liberté sous caution, une troisième toujours détenue

Deux journalistes citoyens, Liu Xuehong et Xing Jian, ont été libérés sous caution le 7 avril 2014 après un mois de détention. Ils avaient été arrêtés pour avoir relaté des incidents survenus place Tiananmen durant la session parlementaire annuelle de l’Assemblée nationale populaire, début mars. Leur collègue Wang Jing demeure derrière les barreaux. Liu Xuehong et Xing Jian, tous deux arrêtés le 8 mars, avaient témoigné sur le site 64 Tianwang d’une dégradation du portrait de Mao. Huang Qi, fondateur du site d’information, avait été détenu plusieurs heures le 13 mars avant d’être relâché. Wang Jing, arrêtée le 7 mars pour avoir relaté une tentative d’immolation, a été transférée dans la province de Jilin, et s’est vu interdire tout accès à son avocat, Li Jingli. Ce dernier a essayé de lui rendre visite au centre de détention, mais n’en a pas reçu l’autorisation. Il a été empêché de déposer une plainte formelle à l’encontre des autorités pénitentiaires. “Nous sommes soulagés d’apprendre la fin de la détention arbitraire de deux des trois contributeurs de 64 Tianwang, mais nous sommes indignés par le traitement réservé à Wang Jing. Nous appelons les autorités à la relâcher immédiatement et sans conditions”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie Pacifique de Reporters sans frontières. Xing Jian a confié avoir été fortement intimidé afin de ne contacter ni les médias étrangers ni Huang Qi, sous peine d’être à nouveau emprisonné. Son interrogatoire aurait été mené de façon à l’inciter à désigner Huang Qi comme le “cerveau” et le chef de leurs actions, et à faire passer le site 64 Tianwang comme un relais des médias étrangers et des “forces ennemies” de la Chine. Les conditions de détention de Liu Xuehong ont été tout aussi difficiles. Ses mains et ses pieds étaient constamment menottés et entravés par des barres de fer, au point que plusieurs policiers devaient la porter quand elle devait aller aux toilettes. A sa libération, elle a été raccompagnée par la police dans la province du Hubei, où elle ne répond pas au téléphone. “Nous sommes extrêmement préoccupés par la volonté de la justice chinoise de monter de toutes pièces un dossier à charge à l’encontre de Huang Qi. Nous exhortons les autorités à cesser de harceler ce militant reconnu des droits de l’homme et à mettre un terme à la surveillance et aux menaces continues dont il fait l’objet”, ajoute Benjamin Ismaïl. Huang Qi, lauréat du Prix Cyberliberté décerné en 2004 par Reporters sans frontières, a déjà passé huit ans derrière les barreaux, notamment pour “possession illégale de secrets d’Etat”, après avoir porté assistance aux parents d’enfants décédés dans le séisme survenu au Sichuan en 2008. La Chine, classée parmi les “ennemis d’Internet”, occupe la 175e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par l’organisation.
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Updated on 20.01.2016