Deux fixeurs détenus par les services de sécurité depuis un mois : une surveillance accrue de la presse étrangère

Reporters sans frontières a fait part de son inquiétude au ministre yéménite de l'Intérieur, Mutahar Rashad Al-Masri, suite à l'arrestation et au maintien en détention dans les bureaux de la Sécurité politique à Sanaa, de deux collaborateurs de la presse étrangère. Ali Nasser Kaid Al-Bokheiti et Mohammed Ahmed Hassan Al-Bokheiti ont été arrêtés, le 21 juillet 2008, à un barrage militaire alors qu'ils accompagnaient un journaliste britannique à Marib (800 km au nord-est de la capitale). Ce dernier a été expulsé du pays le jour même de leur interpellation. L'organisation a demandé leur libération dans les plus brefs délais. Après trente jours de détention, les deux hommes n'ont toujours pas eu accès à un avocat et n'ont pas été présentés devant un juge. Aucune charge n'a été retenue à leur encontre. "Il y a trois ans déjà, nous nous étions adressés à l'un de vos prédécesseurs pour déplorer l'arrestation de deux fixers, Munif et Naif Damesh, qui avaient été interpellés en compagnie de deux journalistes étrangers. A leur retour de Saada, ils avaient été emprisonnés pendant six semaines dans les bureaux de la Sécurité politique, vraisemblablement dans les mêmes geôles qu'occupent depuis un mois les frères Al-Bokheiti", a écrit Reporters sans frontières. "L'arrestation d'Ali Nasser Kaid Al-Bokheiti et de Mohammed Ahmed Hassan Al-Bokheiti est le dernier exemple en date illustrant le black-out sur l'information que votre gouvernement tente d'imposer à la presse concernant les affrontements qui ont lieu dans le Nord. Les journalistes étrangers ne sont autorisés à se déplacer dans le pays qu'en compagnie d'un guide nommé par le ministère de l'Information. Ceux qui ne respectent pas cette directive sont renvoyés chez eux et leurs collaborateurs locaux emprisonnés sans ménagement", a ajouté l'organisation. Sans nouvelles, la famille des détenus a fait part à Reporters sans frontières de son inquiétude croissante. "Nous demandons la libération d'Ali et Mohammed dans les plus brefs délais parce qu'ils n'ont commis aucune crime. La preuve : les autorités n'ont retenu aucune charge contre eux jusqu'à présent. Ils nous est interdit de les voir, ce qui est contraire à la loi. Nous avons appris, à travers des contacts indirects, qu'ils seraient soupçonnés d'avoir aidé un journaliste étranger à se rendre à Saada. Les autorités craignent de dévoiler au public les dégâts causés par les raids aériens lancés sur la ville", a déclaré l'un des frères des deux fixeurs. Ali Nasser Kaid Al-Bokheiti et Mohammed Ahmed Hassan Al-Bokheiti accompagnaient un journaliste britannique free-lance qui souhaitait se rendre à la station touristique de Marib. Le 21 juillet 2008, ils ont été arrêtés à un barrage militaire et reconduits sous escorte à Sanaa. A leur arrivée dans les bureaux de la Sécurité politique, les trois hommes ont été interrogés séparément. Dans la soirée, le journaliste britannique a été contraint d'embarquer sur un vol à destination du Qatar.
Publié le
Updated on 20.01.2016