Deux caricaturistes menacés de mort
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Reporters sans frontières s'inquiète des menaces de mort proférées contre deux dessinateurs dont les noms n'ont pas été révélés par souci de sécurité, à la suite de la publication de douze caricatures du Prophète Mohammed, le 30 septembre 2005, dans le quotidien conservateur Jyllands-Posten de Copenhague.
« Il est incroyable que l'on menace de mort des caricaturistes au Danemark, l'un des pays les plus respectueux de la liberté de la presse au monde. Il est choquant que ceux-ci soient obligés de se cacher, sous prétexte qu'ils ont publié des dessins qui ont déplu. Aucune pression ou entrave ne devrait contraindre les journalistes à s'autocensurer, et ce, quel que soit le sujet qu'ils aient choisi. Nous demandons au ministre de l'Intérieur, Lars Rasmusen, l'ouverture d'une enquête afin de sanctionner au plus vite les auteurs de ces menaces », a déclaré Reporters sans frontières.
L'une des douze caricatures, publiées dans le quotidien dont le tirage est le plus important de la presse danoise (200 000 exemplaires), montre la tête de Mohammed surmontée d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée. L'islam proscrit la représentation du Prophète.
Après avoir reçu plusieurs menaces de mort anonymes par e.mail et par téléphone depuis la publication de ces « Visages de Mohammed », Carsten Juste, rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a décidé, le 12 octobre, d'engager des agents de sécurité afin de protéger les journalistes de sa rédaction. Les deux dessinateurs menacés ont été contraints de se cacher.
Un adolescent de 17 ans a été interpellé dans le cadre de cette affaire, le 15 octobre, dans la ville d'Aarhus (centre du Danemark), en possession d'un couteau.
Considérant ces dessins comme une insulte à l'islam et à son Prophète, les chefs religieux musulmans au Danemark ont demandé au quotidien conservateur, le 6 octobre, le retrait des caricatures et des excuses officielles du journal. Le 14 octobre, environ 5 000 musulmans ont manifesté dans les rues de Copenhague contre ces dessins jugés « provocants » et « arrogants ».
« Nous vivons dans une démocratie où la satire et la caricature sont généralement bien acceptées et la religion ne doit pas fixer des limites à cela », a déclaré Carsten Juste.
En publiant cette série de dessins, Jyllands-Posten souhaitait vérifier si les dessinateurs étaient victimes d'autocensure au Danemark. Le journal avait lancé un appel aux dessinateurs après qu'un écrivain s'était plaint que personne n'osait illustrer son livre sur le Prophète Mohammed. Douze d'entre eux avaient répondu à l'appel.
Publié le
Updated on
20.01.2016