Deux étudiants allemands collaborant à une radio universitaire libérés
Reporters sans frontières salue la libération de Eike Korfhage et Henning Wallerius, arbitrairement détenus pendant cinq jours pour avoir prétendument troublé l'ordre public. La police leur reprochait d'avoir participé à des rassemblements anti-G8 à Saint-Pétersbourg lors du sommet.
Reporters sans frontières dénonce la répression de deux étudiants en photographie et d'un journaliste allemands venus couvrir un rassemblement de manifestants anti-G8 à Saint-Pétersbourg, à quelques jours du sommet prévu du 15 au 17 juillet 2006. Eike Korfhage et Henning Wallerius, deux étudiants collaborant à la radio universitaire Hertz 97, 8, ont été arrêtés à leur domicile, dans la nuit du 9 au 10 juillet 2006, par les forces de police de Saint-Pétersbourg. Celles-ci leur reprochent d'avoir participé à un rassemblement anti-G8 et d'y avoir pris des photos. Les deux jeunes journalistes ont officiellement été accusés d'avoir « uriné sur la voie publique » et condamnés à 10 jours de mise aux arrêts. Des accusations niées par les intéressés. Des représentants de l'ambassade d'Allemagne en Russie sont allés leur rendre visite afin de s'assurer de leurs bonnes conditions de détention. Le 13 juillet 2006, à Moscou, Boris Reitschuster, correspondant du magazine allemand Focus, a été agressé par la police alors qu'il prenait des photos de manifestants anti-G8, eux-mêmes victimes de la brutalité policière. Son téléphone portable a été brièvement confisqué par la police. « Il est inacceptable que des violences soient exercées à l'encontre de journalistes venus spécialement en Russie afin de couvrir le sommet du G8. Nous sommes étonnés par la condamnation à dix jours d'arrêt de deux étudiants allemands collaborant à une radio universitaire. Nous condamnons cet acte de répression et demandons au gouvernement russe de les remettre immédiatement en liberté », a déclaré Reporters sans frontières. « Ces actes de brutalité policière n'augurent rien de bon pour le déroulement du sommet du G8. A cette occasion, nous voudrions rappeler aux chefs d'Etat étrangers qui y participent que la liberté de la presse ne cesse de diminuer en Russie. Bon nombre de médias audiovisuels et de journaux sont passés sous le contrôle du Kremlin depuis que Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir. La presse est muselée et les médias indépendants sont réduits à une peau de chagrin, voire quasi inexistants en région. L'autocensure est largement pratiquée par les journalistes et la pression de l'Etat s'exerce désormais sur l'Internet », a ajouté l'organisation. « La Russie n'est pas un pays en mesure d'assurer la sécurité des journalistes sur son territoire. Treize professionnels des médias ont été tués depuis l'année 2000, sans qu'aucune enquête n'ait réussi à déterminer les responsables de leurs morts. L'assassinat de Paul Klebnikov, rédacteur en chef du magazine américain Forbes tué le 9 juillet 2004 à Moscou, reste impuni. La disparition d'Ali Astamirov, correspondant de l'Agence France-Presse en Russie et en Ingouchie, enlevé le 4 juillet 2003, n'a jamais été élucidée. Les dirigeants russes, dont Vladimir Poutine au premier plan, n'ont jamais prouvé publiquement qu'ils prenaient à bras le corps ces affaires », s'est inquiétée Reporters sans frontières. « Au lieu de prendre des mesures fortes pour protéger les professionnels de la presse et libéraliser ce secteur, le Parlement russe est en train d'étudier un projet de loi particulièrement inquiétant. Celui-ci qualifie la diffamation ou la calomnie, par voie de presse ou par l'Internet, à l'encontre du représentant du gouvernement « d'extrémisme ». La loi cherche clairement à empêcher toute critique des décisions prises par des officiels en matière de lutte antiterroriste », a conclu l'organisation.