Des manifestants envahissent le siège de la télévision publique serbe RTS pour dénoncer sa partialité
Pour dénoncer une couverture partiale de l’information par la chaîne publique RTS, plusieurs dizaines de manifestants ont pénétré dans les locaux de la chaîne et exigé de passer à l’antenne. Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète de ces méthodes et exhorte la RTS à relayer sans attendre le mouvement de protestation qui secoue le pays depuis trois mois.
Depuis le début du mois de décembre, des milliers de manifestants battent le pavé partout en Serbie défiant le pouvoir autoritaire du président Aleksandar Vučić et réclamant des élections libres et des médias indépendants. Dans leur ligne de mire, l’audiovisuel public (RTS) qui depuis le début de cette grogne populaire relaie les événements de manière partisane. Le groupe audiovisuel public fait l’objet de vives critiques au sein de l’opposition et est souvent décrit comme inféodé au pouvoir.
Le 16 mars dernier, le mouvement de protestation a pris un nouveau tour … Dans la soirée, une trentaine de manifestants ont forcé l’entrée des locaux de la télévision public serbe, exigeant de prendre l’antenne afin de dénoncer la couverture médiatique insuffisante de leur mouvement par la chaîne publique. Avant minuit, les manifestants ont été évacués par les forces de l’ordre.
RSF appelle la direction de la télévision RTS à remplir son rôle de média de service public c'est à dire être une source fiable d'informations indépendantes, déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone UE-Balkans de RSF. Elle doit à ce titre, relayer le mouvement de protestation qui enfle depuis plus de trois mois en Serbie. Il n'est pas acceptable que pour exprimer leur désaccord sur la ligne éditoriale d’un média des manifestants doivent s'emparer de l'antenne pour faire entendre leur voix. Ces méthodes sont contraires aux principes élémentaires d'une saine démocratie.”
L’indépendance des médias en Serbie est encore loin d’être acquise, le manque de pluralisme et la fréquente collusion entre politiques et médias sont autant d’éléments qui entravent la liberté de la presse dans ce pays qui occupe le 76ème rang du classement de la liberté de la presse 2018 établi par RSF, accusant un net recul (-10 places) par rapport à l’année précédente.