Des journalistes victimes d'un attentat et de la violence politique

En l'espace de dix jours, trois journalistes ont été blessés lors d'un attentat islamiste, deux reporters ont été frappés par la police, un correspondant a été menacé de mort par le directeur d'une madrassa et les partisans d'un ministre ont organisé l'autodafé d'un quotidien indépendant. Reporters sans frontières est très préoccupée par la dégradation vertigineuse du climat sécuritaire au Bangladesh qui a des répercussions directes sur la liberté de la presse. « Le gouvernement a beau affirmer qu'il lutte contre l'insécurité, la multiplication des attentats et des agressions font peser de nouveaux risques à la presse et aux citoyens. Ces drames qui frappent le pays sont en partie le résultat de l'attitude du gouvernement qui, au lieu de résorber les dérives extrémistes, s'est empressé ces dernières années de réprimer les journalistes et les militants des droits de l'homme qui mettaient en garde contre cette nouvelle menace », a déploré l'organisation. Rappel des faits du mois de novembre : Le 1er décembre 2005, un militant du mouvement islamiste Jamayetul Mujahideen Bangladesh a lancé une bombe devant un bâtiment public à Gazipur (nord de Dhaka) faisant au moins un mort et une trentaine de blessés parmi lesquels trois journalistes qui couvraient une manifestation. Le correspondant du quotidien The New Nation, Nazrul Islam Badami, a été sérieusement blessé. Les deux autres reporters, Belal Hossain de l'agence de presse BSS et Aminul Islam du journal local Ajker Janata ont également été hospitalisés. Le 28 novembre, des partisans du ministre Alamgir Kabir ont brûlé des dizaines de copies du quotidien Janakantha, après la publication d'un article sur l'agression par ce même ministre d'un reporter du journal. Le 27 novembre, le directeur d'une madrassa de Lohagora (Sud) a menacé de mort Maruf Samdani, correspondant dans cette ville du quotidien national Prothom Alo. Un article lui imputant certains détournements de fonds venait d'être publié dans le journal. Le 21 novembre, Mahbub Matin, reporter de la chaîne de télévision Channel I, a été tabassé par des policiers alors qu'il couvrait une manifestation du parti d'opposition Ligue Awami. Il a été hospitalisé jusqu'au 27 novembre où ses faits et gestes étaient surveillés par des policiers en civil. Jahid Hasan, un cameraman de la chaîne, a également été blessé lors de cette manifestation. Mahbub Matin a déclaré aux médias qu'il trouvait l'attitude de la police très « étrange ». Il a également mis en doute le sérieux de l'enquête puisque des policiers auteurs des coups étaient également en charge de l'investigation.
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Updated on 20.01.2016