Des journalistes étrangers interpellés lors de reportages sur l'épidémie de grippe aviaire

12.02.2004 Le 11 février 2004, le journaliste David Fang et le photographe Mark Ralston du quotidien South China Morning Post, publié à Hong Kong, ont été interpellés pendant quelques heures alors qu'ils réalisaient un reportage sur l'épidémie de grippe aviaire dans une ferme de Baitangkou, près de Tianjin (est du pays). Des fonctionnaires et des policiers ont interrogé les journalistes sur leur présence dans la région malgré les restrictions imposées aux journalistes dans les zones touchées par l'épidémie. Le 8 février, Zhong Yangsheng, vice-gouverneur de la province du Guangdong (sud du pays), avait menacé les médias, notamment ceux de Hong Kong, de poursuites légales s'ils continuaient à publier des "articles irresponsables" sur la grippe aviaire. Il avait également déclaré que les poulets de la région de Chaoan mouraient d'empoisonnement ou d'accidents, et non pas de l'épidémie. Le 6 février, des officiels du Département de la publicité (ex-propagande) avaient confirmé que les quotidiens Les Nouvelles du soir de Yangzi et Le Quotidien de Nanjing étaient sous le coup d'une enquête officielle après la publication d'articles sur la mort subite de milliers d'oiseaux migrateurs dans la ville natale du président chinois Hu Jintao. Les volatiles seraient tombés du ciel sur la bourgade de Taizhou, dans l'est du pays. "Ce genre d'articles ne favorise pas la stabilité", a déclaré l'un des hauts fonctionnaires à l'agence Reuters. ________________________________________________________ 5.02.2004 Le 4 février, une équipe de la chaîne de télévision France 2 a été interpellée par la police dans une banlieue de Pékin après avoir filmé sans autorisation des vaccinations de volailles. Les journalistes ont été interrogés pendant deux heures et contraints de signer un document dans lequel ils reconnaissent avoir réalisé un "tournage clandestin". Par ailleurs, le 30 janvier, le département de la propagande de la province du Guangdong (Sud) a ordonné aux journalistes chinois de ne pas "exagérer ou manipuler" les informations sur la grippe aviaire. Les médias doivent se baser sur les bulletins de l'agence de presse officielle Xinhua. Enfin, les autorités ont démenti les révélations du journal britannique The Times sur des victimes humaines de l'épidémie qui touche une dizaine de provinces chinoises. Les médias chinois continuent à affirmer que les autorités contrôlent la situation. ________________________________________________________ 03.02.2004 Les autorités interdisent aux journalistes étrangers de se rendre dans les provinces où sévit l'épidémie de grippe aviaire Le ministère chinois des Affaires étrangères et les responsables des provinces du Hunan, Hubei et Guangxi (sud du pays) interdisent à la majorité des correspondants étrangers en poste à Pékin de se rendre dans les régions affectées par la grippe aviaire. Après avoir empêché les journalistes étrangers de couvrir librement l'épidémie de Sida dans la province du Henan et celle du Sras, les autorités font de nouveau preuve d'un manque de transparence manifeste dans la gestion d'un problème sanitaire. Reporters sans frontières demande à l'Organisation mondiale de la santé d'intervenir auprès des autorités chinoises pour qu'elles laissent les journalistes étrangers enquêter librement dans les provinces touchées par la grippe aviaire. Depuis l'apparition des premiers cas, fin janvier 2004, dans les provinces du Hunan, Hubei et Guangxi (sud du pays), les autorités ont refusé d'accorder des autorisations de déplacement à la majorité des correspondants de la presse étrangères basés à Pékin, notamment des télévisions européennes ARD, France 2 et BCC. Les autorités ont expliqué aux journalistes qu'une conférence de presse allait être organisée dans "quelques jours". En revanche, des dizaines de journalistes de la presse officielle chinoise ont été invités dans ces régions pour constater que "les autorités et les paysans ont procédé à l'élimination et au nettoyage des élevages de poulets". Le département de la propagande a également demandé aux responsables des principaux médias chinois d'annoncer que l'épidémie était sous contrôle. Au cours des dernières années, Reporters sans frontières a recensé des dizaines de cas d'interpellations et de censure de journalistes étrangers qui ont enquêté sur des problèmes de santé publique en Chine, notamment le Sida et le Sras.
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Updated on 20.01.2016