Demande d'enquête au Premier ministre sur une série d'attaques et de censures

"Je veux savoir qui a attaqué mon domicile. Je ne pointe le doigt vers personne, mais ce mitraillage a été un traumatisme pour moi et ma famille. Mais cela ne va pas me contraindre à cesser d'écrire", a déclaré à Reporters sans frontières le célèbre éditorialiste Kamran Shafi après l'attaque de son domicile à Rawalpindi. Depuis, la police a interpellé deux suspects et a fourni une protection au journaliste. Reporters sans frontières demande au chef du gouvernement pakistanais, Yousaf Raza Gilani, de donner les moyens suffisants pour que l'enquête sur cette attaque aboutisse. Par ailleurs, l'organisation souhaite obtenir de Yousaf Raza Gilani des explications sur les menaces proférées par un ministre à l'encontre d'un reporter d'un journal économique Business Recorder, et les pressions exercées par les gouvernements d'Islamabad et de Dubaï pour faire interdire un talk-show de la chaîne Geo TV. "Quand des journalistes critiques des autorités sont visés - que ce soit par des balles ou par la censure -, il est du devoir d'un gouvernement démocratique de garantir leur sécurité. Nous appelons le chef du gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour mener des enquêtes efficaces sur ces incidents et d'indiquer publiquement que la liberté de la presse s'applique aussi aux détracteurs du Président et des forces armées. Les avancées en matière de liberté des médias ne doivent pas être ternies par ce type d'incidents", a affirmé l'organisation. Dans la nuit du 27 novembre 2009, un inconnu a ouvert le feu à six reprises sur le domicile de Kamran Shafi à Rawalpindi. Le tireur a ramassé les douilles avant de s'enfuir. Le journaliste et sa famille sont sortis indemnes de l'attaque car ils se trouvaient dans une pièce située au-dessous de celle qui a essuyé les tirs. Ce célèbre éditorialiste, commentateur à la télévision et ancien militaire, a également reçu des menaces de mort le lendemain de l'attaque. Une femme lui a indiqué au téléphone que ce qu'il avait subi n'était que "la bande-annonce d'un film" qui serait "bientôt montré dans son intégralité". La police a interpellé deux responsables d'un magasin de téléphone public d'où a été passé l'appel. Les suspects affirment qu'une femme voilée a passé ce coup de fil. Dans ses articles publiés dans le journal Dawn, Kamran Shafi critiquait des abus commis par les services secrets militaires qui, selon lui, opèrent au Pakistan hors du contrôle de l'Etat. Lire l'un de ses articles : http://www.dawn.com/wps/wcm/connect/dawn-content-library/dawn/the-newspaper/columnists/kamran-shafi-in-it-up-to-our-necks-129 Récemment, Mushtaq Ghumman du Business Recorder, principal journal économique, basé à Karachi, a reçu des menaces de mort par téléphone de la part de collaborateurs du ministre fédéral de l'Industrie, Mian Manzoor Wattoo. Il lui a été demandé de cesser de publier des articles sur des affaires de corruption dans lesquelles il serait impliqué. Interrogé par Reporters sans frontières, le journaliste a expliqué : "Un responsable du protocole du ministre m'a demandé de changer de comportement sinon j'allais recevoir une leçon." Lors d'une conférence de presse, Mushtaq Ghumman avait posé des questions au ministre sur un scandale de corruption. Le journaliste n'a pas porté plainte. Par ailleurs, Reporters sans frontières condamne les pressions exercées par les autorités d'Islamabad et de Dubai pour obtenir l'annulation du talk-show ‘Meray Mutabiq’ de Geo TV. Animée depuis Dubaï par le présentateur, Dr Shahid Masood, cette émission populaire critique parfois sévèrement le président Asif Ali Zardari. Le 23 novembre, les pressions des autorités des Emirats arabes unis ont contraint la chaîne pakistanaise à émettre le talk-show depuis un studio caché. Selon le quotidien The News, Dr Shahid Masood affirme avoir reçu des menaces de mort de la part de partisans du chef de l'Etat. Geo TV a condamné une "répétition" de l'époque Musharraf.
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Updated on 20.01.2016