A l'occasion du Conseil « Affaires générales et Relations extérieures » consacré à l'Afrique, qui se tient à Bruxelles le 12 décembre 2005, Reporters sans frontières a adressé une lettre aux vingt-cinq ministres européens des Affaires étrangères pour « inciter l'Union européenne à tout mettre en œuvre pour obtenir la libération des journalistes emprisonnés en Erythrée ».
A l'occasion du Conseil « Affaires générales et Relations extérieures » consacré à l'Afrique, qui se tient à Bruxelles le 12 décembre 2005, Reporters sans frontières a adressé une lettre aux vingt-cinq ministres européens des Affaires étrangères pour « inciter l'Union européenne à tout mettre en œuvre pour obtenir la libération des journalistes emprisonnés en Erythrée ».
« Au mois de novembre, un épisode est venu rappeler à quel point le gouvernement du président Issaias Afeworki est impitoyable envers ceux qu'il considère comme ses opposants, rappelle l'organisation dans son courrier. Libéré le 19 novembre après plus de quatre ans de prison, le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaac, fondateur de l'hebdomadaire disparu Setit, a pu téléphoner à sa femme et à ses amis réfugiés en Suède pour leur annoncer qu'il était enfin sorti de la prison de Karcheli, à Asmara, et qu'il allait bientôt les rejoindre. Mais le gouvernement érythréen, pour des raisons encore obscures, a décidé de le renvoyer en prison deux jours plus tard, le 21 novembre, à la stupéfaction générale. »
Citoyen suédois depuis 1992, Dawit Isaac, 41 ans, a été arrêté le 23 septembre 2001, lors des grandes rafles policières qui avaient suivi la suspension de toutes les libertés civiles, cinq jours auparavant. Marié, père de trois enfants, il faisait partie des dix directeurs de journaux, rédacteurs en chef ou journalistes arrêtés en compagnie d'hommes politiques qui avaient critiqué le gouvernement.
« L'histoire de Dawit Isaac révèle que l'Erythrée est engagée dans une course en avant répressive, dont le peuple érythréen est la seule victime, conclut Reporters sans frontières. L'Union européenne a le pouvoir de faire comprendre au gouvernement d'Asmara que cette voie est inacceptable. C'est pourquoi nous exhortons les ministres européens des Affaires étrangères à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour rendre justice, au moins à ces journalistes martyrisés, et à aider l'Erythrée à sortir de l'obscurité dans laquelle elle s'enfonce chaque année un peu plus. »
Indépendant depuis 1993, le plus jeune pays d'Afrique est également depuis quatre ans la plus grande prison du continent pour les journalistes. Au moins treize professionnels des médias sont détenus au secret, quelque part dans le pays, sans avoir jamais comparu devant un tribunal, sans avoir pu parler à un avocat ou communiquer avec leur famille. Le régime assure qu'ils sont des traîtres à la nation, des espions éthiopiens ou des déserteurs. On ignore s'ils sont encore vivants.