Reporters sans frontières est scandalisée par les retards et les entraves dans le procès en appel du jeune journaliste condamné à mort pour "blasphème". Interrogé par Reporters sans frontières, son avocat a qualifié d'illégale la suspension des audiences depuis le 15 juin dernier. Malgré le rapport médical qui a confirmé que Sayed Perwiz Kambakhsh avait été torturé lors de sa détention, les juges n'ont pas ordonné sa libération.
Reporters sans frontières est scandalisée par les retards et les entraves dans le procès en appel de Sayed Perwiz Kambakhsh, jeune journaliste condamné à mort pour "blasphème". Interrogé par Reporters sans frontières, son avocat a qualifié d'illégale la suspension des audiences depuis le 15 juin dernier. Cela fait maintenant plus de quatre mois que le procès en appel s'est ouvert à Kaboul.
"Après un procès en première instance scandaleux, on s'attendait à une procédure d'appel exemplaire, respectueuse de la présomption d'innocence et de l'état de droit. Malheureusement, on assiste à un simulacre de justice où la forme prime sur le fond. Nous ne comprenons pas l'attitude des juges qui ne font aucun effort pour que les délais soient respectés. La justice doit se ressaisir et aller de l'avant dans ce procès en appel qui doit aboutir au plus vite à la libération du jeune journaliste qui croupit dans la prison de Pul-e-Charkhi", a déclaré l'organisation.
Interrogé par Reporters sans frontières, l'avocat du jeune journaliste, Me Afzal Nuristani, a déclaré : "Le tribunal d'appel a légalement deux mois pour juger un dossier, mais depuis le 15 juin, le procès est suspendu. On attend les témoins de Mazar-i-Charif, mais ils ne viennent pas ! Leurs témoignages ne sont pas importants pour le dossier car ils ne sont pas des témoins directs. Ils ont été convoqués trois fois, mais ils ne se présentent pas. Je ne sais pas pourquoi mais cette suspension est illégale. (...) Malheureusement, ce problème ne concerne pas seulement Pervez Kambakhsh. C'est habituel pour la justice afghane. Il faut qu'on trouve une solution. Les accusés innocents, comme mon client, ont perdu beaucoup de temps."
Depuis le 15 juin, le procès en appel de Sayed Perwiz Kambakhsh est suspendu car des étudiants et des professeurs de l'Université de Mazar-i-Charif ne se sont pas présentés devant le tribunal. Il s'était ouvert le 17 avril après le transfert vers Kaboul du journaliste, à la demande de la Cour suprême.
Malgré le rapport médical qui a confirmé que Sayed Perwiz Kambakhsh avait été torturé lors de sa détention, les juges n'ont pas ordonné la libération du jeune journaliste. Par ailleurs, son frère, le reporter Sayed Yaqub Ibrahimi, continue à être menacé à Mazar-i-Charif pour ses reportages sur la situation dans le nord du pays. Il a récemment publié une enquête sur le trafic d'armes et de drogue près de la frontière du Tadjikistan.
Le 22 janvier 2008, la première chambre d'un tribunal de Mazar-i-Charif avait condamné à mort le jeune journaliste et étudiant Sayed Perwiz Kambakhsh, accusé de "blasphème". Un procès expéditif s'était tenu à huis clos. Une dizaine de témoins, contactés par la famille du journaliste, avaient en effet refusé de le défendre par peur de représailles. Sayed Perwiz Kambakhsh est emprisonné depuis le 27 octobre 2007.