Reporters sans frontières dénonce les pressions exercées par les autorités chinoises sur les quotidiens libéraux tels que Les Nouvelles de la métropole du Sud et Les Nouvelles de Pékin. Un grand nombre de journalistes découragés souhaitent quitter leur rédaction. Cette vague de démissions devrait avoir lieu après le nouvel an chinois.
Reporters sans frontières déplore l'acharnement des autorités chinoises à l'encontre des quotidiens libéraux Nanfang Dushi Bao (Les Nouvelles de la métropole du Sud) et Xin Jing Bao (Les Nouvelles de Pékin). Une vague de découragement au sein des rédactions devrait provoquer, après le nouvel an chinois, une série de démissions de journalistes. « Nous sommes nombreux à avoir perdu tout espoir dans ce journal en découvrant le monstre invisible qui se cache derrière. Beaucoup d'entre nous s'apprêtent à quitter le Xin Jing Bao pour rallier d'autres médias, notamment des sites Internet d'information», a déclaré un journaliste du Xin Jing Bao à Reporters sans frontières.
« La pression considérable exercée par les groupes de presse inféodés au Parti communiste sur les quotidiens libéraux est tout à fait scandaleuse. Elle pousse une génération de journalistes courageux à quitter leurs rédactions », a regretté l'organisation.
Découragés par la volonté du journal gouvernemental Guangming Ribao de les placer sous étroite surveillance, plusieurs journalistes, notamment des chefs de rubriques, auraient décidé de quitter le quotidien de Pékin, après le nouvel an chinois.
Le même phénomène se fait ressentir au sein du quotidien Nanfang Dushi Bao, publié à Canton, après le renvoi, le 30 décembre 2005, de son rédacteur en chef adjoint, Xia Yitao. Le Département de la publicité (ex Département de la propagande) lui reproche un titre d'un article sur des sanctions imposées à un gouverneur adjoint, à la suite d'un accident dans une mine de charbon. « Même l'emprisonnement de Cheng Yizhong, ancien rédacteur en chef, n'avait pas réussi à nous décourager. Mais cette situation est en train de changer, depuis que le groupe de presse Nanfang auquel appartient le journal, nous envoie des gens très conservateurs pour virer les journalistes qu'ils n'apprécient pas. Ce journal ressemble de plus en plus à un bureau gouvernemental, a expliqué un journaliste à Reporters sans frontières. Cela explique le départ prochain du rédacteur des pages culture et de certains de ses collègues qui n'ont plus aucun espoir dans leur rédaction ».
Outre la reprise en main idéologique, la volonté des groupes de presse officiels de contrôler ces quotidiens populaires s'explique par des raisons économiques.« L'ancienne presse communiste a de moins en moins de succès. Par conséquent, elle a décidé de capter les revenus de nouveaux journaux populaires visant un public urbain. Le Nanfang Dushi Bao en est un excellent exemple. Il rapporte beaucoup d'argent. (...) Malheureusement, ces démissions vont permettre au Guangming Ribao et au Nanfang Ribao de placer leurs propres journalistes au sein des rédactions, ce qui signifie la victoire du Parti communiste chinois», analyse un journaliste de Pékin.