Déclaration de soutien au journaliste d'investigation Minoru Tanaka, poursuivi en justice pour diffamation
Organisation :
A l’occasion d'une conférence de presse organisée par le Foreign Correspondents' Club of Japan, le 31 août 2012, à Tokyo, Reporters sans frontières réaffirme son soutien à Minoru Tanaka. Le journaliste est poursuivi en diffamation par Shiro Shirakawa, président de « New Tech », une entreprise de systèmes de sécurité pour centrale nucléaire, suite à la parution d’un article le 16 décembre 2011, dans l’hebdomadaire Shukan Kinyobi, intitulé « Le dernier fixeur : M Shiro Shirakawa- il prend sa part du gâteau nucléaire de TEPCO ».
Depuis mai 2012, une procédure judiciaire est engagée contre Minoru Tanaka. La troisième audience de ce procès se tiendra le 3 septembre 2012 devant la Cour du district de Tokyo.
La déclaration suivante a été lue durant la conférence de presse : « Minoru Tanaka, A Lone Journalist versus the Nuclear Village », qui s’est tenue le 31 août 2012 à 15h00 à Tokyo.
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Reporters sans frontières (RSF) réaffirme son soutien au journaliste freelance Minoru Tanaka, accusé de diffamation par le président de l’entreprise de système de sécurité pour centrale nucléaire “New Tech”, Shiro Shirakawa. L’organisation dénonce le harcèlement judiciaire dont le journaliste est victime.
Vu le montant exorbitant des dommages et intérêts requis par la partie plaignante, il est évident que la procédure judiciaire entreprise contre Minoru Tanaka ait pour but de le réduire au silence, en l’épuisant moralement et financièrement. Cette affaire a tout les attributs d'une "procédure bâillon" strategic lawsuit against public participation (SLAPP), destinée à empêcher toute contribution du journaliste au débat public sur le nucléaire : la poursuite en justice est intentée contre un individu isolé ; le rapport de force, tant du point de vue politique que financier, est fortement déséquilibré en faveur de Shiro Shirakawa ; la manœuvre vise clairement à asphyxier le journaliste à travers des longues procédures judiciaires et la menace d’une amende démesurée.
Malheureusement, une partie des objectifs visés par l’auteur de la plainte sont peut-être déjà atteints. En effet, même si la justice ne donne pas raison au plaignant à l'issue du procès, de nombreux professionnels des médias, témoins de ces représailles judiciaires à l’encontre d’un journaliste d’investigation, pourraient être dissuadés, à l’avenir, d'enquêter sur certains sujets ou personnes qu’ils jugeront trop “sensibles”. Après l’audience du 9 juillet dernier, Minoru Tanaka avait dénoncé la procédure à son encontre, déclarant à Reporters sans frontières : “Si je perds ce procès, cela voudra dire qu’aucun journaliste ne pourra plus écrire sur les dangers de la réouverture du réacteur nucléaire (...) Ce procès est donc très important pour le futur du journalisme”
Il est donc crucial que l’ensemble de la profession se mobilise en faveur de Minoru Tanaka. Cette attaque, en ciblant un individu, vise en réalité au-delà de sa personne l’ensemble des professionnels des médias au Japon, freelances ou affiliés à un média.
Etant donné le caractère néfaste de la procédure, Reporters sans frontières réitère instamment sa demande à la Cour du district de Tokyo de relaxer Minoru Tanaka.
Publié le
Updated on
20.01.2016