Quelques heures après l'attentat-suicide du 11 décembre dernier dans l'auditorium du lycée Esteqlal de Kaboul, qui a fait plusieurs morts, dont le caméraman
Zobir Hatami, et une vingtaine de blessés, dont deux collaborateurs de la chaîne
Mitra TV,
Shahed Farohesh,
Shakib Mohammadi, le porte-parole des Taliban
Zabihullah Mujahid a revendiqué cette attaque. Dans
un communiqué de presse, il a directement menacé les médias et les journalistes afghans.
“
L'Émirat islamique d'Afghanistan profite de cette occasion pour mettre en garde certains médias, les médias immoraux et toutes les institutions qui sont actives sous le nom de ‘société civile’ ... et qui font des publication et diffusent des (sujets) contre les valeurs islamiques, organisent des réunions et manifestations en faveur du dévoilement, de la musique, de la prostitution et la corruption, et aident à la manipulation des jeunes dans la société. Nous les informons à partir de maintenant, les Moudjahidines (Taliban) ne resteront pas indifférents vis-à-vis de ces activités ... et anéantiront le noyau de ces corrupteurs.” Deux jours après, le site officiel des Taliban a rendu hommage à cette action kamikaze, déclarant que c’était le châtiment pour ceux qui piétinent le sacré.
“L
es Taliban n'ont pas renoncé à leur haine contre les journalistes. Ils exercent toujours une intense pression sur les médias indépendants afin de leur imposer leur propagande djihadiste, ou les forcer à la censure et à l’autocensure, déclare Réza Moïni, responsable du bureau Iran-Afghanistan de Reporters sans frontières.
Leur déclaration dévoile une nouvelle fois le vrai visage de la terreur et de l'horreur, engendrant le phénomène de ‘trous noirs de l’information’ dans les zones qu’ils occupent”.
Le 21 décembre 2014, une centaines journalistes, présents aux obsèques de Zobir Hatami, ont appelé au “boycott des informations sur les Taliban dans les médias, jusqu'à ce qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les civils et journalistes“.
De son coté,
Moujib el Rahman Rahimi, porte-parole du gouvernement, a déclaré à Reporters sans frontières que “
la protection des citoyens et journalistes était l’une des priorités du gouvernement”. Il a néanmoins indiqué qu’en dépit des efforts réalisés par le gouvernement, les autorités ne pouvaient garantir à 100% une protection efficace, mais qu’elles avaient donné l’ordre aux forces militaires et à la police de protéger les journalistes et les médias menacés. “
Nous sommes prêts à collaborer avec les médias et les associations de la société civile afin de renforcer nos mesures de sécurité”, a-t-il affirmé.
Zobir Hatami, 23 ans, est le quatrième journaliste victime des attentats perpétrés par les Taliban cette année. Le journaliste suédo-britannique
Nils Horner a été tué le 11 mars 2014 dans le quartier de Wazir Akbar Khan, au centre de Kaboul.
Anja Niedringhaus, correspondante d'
Associated Press est morte le 4 avril, dans la province de Khost (est du pays). Le 20 mars,
Sardar Ahmad, collaborateur de l’
AFP, perdait la vie lors de l'attaque contre l’hôtel Serena de Kaboul.
Shahed Farohesh, Shakib Mohammadi et deux autres cameramen de la chaîne
Mitra TV ont également été blessés lors de l’attaque du 11 décembre, mais leurs jours ne sont plus en danger.
L’Afghanistan se situe à la 128ème position dans
le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières. Le chef des Taliban, le mollah Mohammad Omar, est l'un des
prédateurs de la liberté d'information.