Croatie : RSF condamne l’impunité dont a bénéficié l’auteur d’un appel au meurtre de journalistes
La décision de la justice croate de ne pas poursuivre l’auteur d’un appel au meurtre contre des journalistes revient à donner un blanc-seing aux personnes qui menacent la presse, dénonce Reporters sans frontières (RSF)
“Ces journalistes d’Index devraient être tués, ils critiquent tout ce qui est croate. Combien de temps cela va-t-il durer ?” La menace laissée sur la page Facebook du très réputé site d’information Index.hr, suite à la publication le 31 mai dernier d’un article critique sur le ministre croate de la Défense, était non seulement sans ambiguïté, mais en plus assumée par son auteur : l’ancien combattant Stipe Perković-Tabak.
Le rédacteur en chef du site, Neven Barkovic a porté plainte contre cet appel au meurtre, mais la justice croate a finalement prononcé un non-lieu le 3 août 2018. Outre des “circonstances atténuantes” liées à l’alcoolémie de Stipe Perković-Tabak au moment des faits, le bureau du procureur a déclaré avoir pris en compte le statut particulier de l’auteur de la menace, à savoir : “un ancien combattant croate, décoré pour son service”.
“Etre un héros de guerre ne signifie pas que l’on peut agir hors du droit, déplore RSF. Cette décision est d’autant plus regrettable et dangereuse qu’elle revient à donner un blanc-seing aux personnes qui menacent et agressent les journalistes. Les autorités croates devraient au contraire condamner clairement de telles pratiques et mettre fin au climat extrêmement malsain d’impunité qui règne dans le pays et qui représente un réel danger pour les journalistes.”
Les attaques dont sont fréquemment victimes les journalistes en Croatie restent largement impunies. Le 2 juin 2018, Index a publié un article qui révélait les tractations du ministre des Anciens Combattants pour faire embaucher son fils. Furieux, Tome Medved a immédiatement composé le numéro personnel du journaliste Vojislav Mazzocco, l’appelant à une confrontation physique où il aurait à “craindre le réveil du militaire qu’il était”. Cette fois encore, l’affaire a été classée.
La Croatie occupe la 69ème place sur 180 au Classement mondial 2018 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.