Coronavirus : un journaliste italien menacé après un reportage sur la mainmise de la mafia en Sicile pendant la crise sanitaire
Un journaliste qui a révélé que le frère d’un boss mafieux profitait de la crise sanitaire pour renforcer l’influence de l’organisation dans certains quartiers de Palerme fait désormais l’objet de sérieuses menaces. RSF appelle à sa protection renforcée.
En raison du confinement imposé par les autorités italiennes pour enrayer l’avancée de la pandémie de Covid-19, des villes du sud de la péninsule déjà infiltrées par la mafia, subissent de plein fouet la crise économique et sociale. C’est le cas d’un quartier défavorisé de Palerme où pour pallier l’absence des autorités locales et permettre à l’organisation criminelle de gagner du terrain, Giuseppe Cusimano, frère d’un boss mafieux actuellement en prison pour trafic de drogue, s’est mis à distribuer gratuitement des denrées alimentaires aux plus pauvres.
Depuis qu’il a révélé, le 8 avril dernier, ces tentatives de la mafia pour reconquérir des portions du territoire national via des initiatives solidaires en faveur des plus démunis, le journaliste de La Repubblica Salvo Palazzolo fait l’objet d'une déferlante de messages haineux sur les réseaux sociaux de la part des proches de Giuseppe Cusimano : « Journaliste infâme », « bâtard », « les journalistes sont pire que le coronavirus ».
Ce journaliste, spécialisé dans la couverture du réseau criminel, qui fait régulièrement l’objet de menaces, a aussitôt reçu le soutien des principales associations de journalistes italiens. RSF demande aux autorités locales qui ont ouvert une enquête sur cette distribution de nourriture au coeur de Palerme, d'assurer à Salvo Palazzolo une protection renforcée : plus que jamais, il est crucial que les journalistes puissent mettre en lumière le business des mafias qui tentent d’exploiter un contexte économique et social propice pour mieux se développer.
L’Italie occupe la 43e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2019 par RSF.