Conseil de la presse: Régulation ne doit pas signifier coercition et restriction
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Reporters sans frontières s'inquiète des propositions avancées lors de la première audition de la commission d'enquête sur les médias et leur régulation, le 8 novembre 2011, visant à donner au Conseil de la presse le pouvoir de sanctionner les journaux, par l’imposition d’amendes allant jusqu'à 30 000 dollars, et de soumettre la presse à un contrôle plus strict, notamment par l'instauration de licences.
"Si de telles mesures étaient adoptées, elles porteraient gravement atteinte à la crédibilité internationale de l'Australie comme pays respectueux de la liberté de la presse, où les médias peuvent travailler sans entraves. Les lois contrôlant les journalistes, les médias et les communications numériques sont déjà assez nombreuses. Le projet d'introduire des permis pour la presse et des amendes exorbitantes nous paraît extrêmement choquant", a déclaré Reporters sans frontières.
"Ce genre de mesures caractérise les pays situés en bas du classement mondial de la liberté de la presse établi par reporters sans frontières. On ne s'attend pas à les trouver dans une démocratie classée en 18ème position sur 178 pays, en 2010", a ajouté l'organisation.
"Nous suggérons à la commission d'enquête de porter son attention sur l'amélioration du fonctionnement des systèmes d'autorégulation existant, plutôt que de recommander de nouveaux contrôles qui pourraient être détournés à des fins politiques."
Dans sa note adressée à la commission d'enquête en octobre 2011, le Conseil de la presse avait proposé que ses pouvoirs soient renforcés par la possibilité d'imposer des amendes pouvant atteindre 30 000 dollars australiens (environ 40 000 euros) "lorsque la violation des standards (éthiques, NDLR) est exceptionnellement grave ou constitue une infraction continue des jugements du conseil." La création d'un comité spécial, composé d'un juge à la retraite, avait été également proposée, afin de se prononcer sur la nécessité d'imposer une amende.
Le 8 septembre, le Law Council of Australia, le groupe de médias Seven West et l'association des éditeurs de journaux avaient condamné des propositions qui prévoyaient l'instauration de "licences" et de contrôles plus stricts sur les médias.
Annoncée le 14 septembre 2011 par le ministre des Communications et de l’Économie numérique, Stephen Conroy, la commission d’enquête indépendante sur la "diversité et l’efficacité de la presse", vise principalement à "renforcer le Conseil de la presse".
Le 8 novembre dernier, la commission d'enquête indépendante a tenu sa première audience publique à Melbourne. News Limited, appartenant au groupe de Rupert Murdoch, News Corp et Associated Press Australia seront auditionnés lors des audiences à Sydney, le 17 novembre prochain, suivi du Conseil de la presse australien, le 18 novembre. L'enquête doit donner lieu à un rapport qui sera remis au ministre des Communications en février 2012.
Le 16 septembre 2011, Reporters sans frontières s'était déjà inquiétée d'un amalgame possible entre une réflexion sur la régulation des médias et un renforcement du contrôle de la presse.
Publié le
Updated on
20.01.2016