Confiscation et suspension de journaux : une véritable tactique de harcèlement
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Reporters sans frontières condamne la politique de harcèlement et d’intimidation que mènent les autorités soudanaises à l’encontre de la presse soudanaise. Au cours des dernières semaines, les services de renseignement ont multiplié les confiscations et les suspensions arbitraires de journaux, sans en donner les raisons. Reporters sans frontières note au moins sept confiscations ou suspensions depuis début 2014 et un chiffre encore plus important au cours des mois précédents. La dernière en date : la suspension depuis le 26 janvier 2014 et pour une durée indéterminée du quotidien arabophone Al-Jareeda.
"Ces censures de plus en plus fréquentes et infondées sont inadmissibles et constituent de nettes violations de la liberté d’information. Alors que les autorités du pays affirment être disposées à ouvrir un dialogue avec l’opposition et à engager des réformes, l’appareil de répression du régime soudanais continue de chercher à tout prix à museler la presse et à étouffer toute critique du régime", déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
"Confisquer des journaux déjà imprimés et en suspendre sans explication témoigne de la volonté des autorités d’asphyxier également financièrement les entreprises de presse du pays. Nous leur demandons de cesser cette politique de harcèlement et de lever sans plus tarder la suspension qui pèse actuellement sur le quotidien Al-Jareeda", ajoute Cléa Kahn-Sriber.
Le 4 février 2014, le service national de renseignement et de sécurité soudanais (le Soudan’s National Intelligence and Security Service, NISS), a confisqué les copies de trois journaux Al-ayam, Alwan et Al-Sahafa alors qu’ils avaient déjà été imprimés.
Le quotidien arabe Al-Jareeda a été confisqué le 26 janvier 2014 par le NISS et suspendu ce même jour pour une durée indéterminée, suite à la publication d’un reportage qui impliquait l’actuel ministre des finances, Badr El Din Mahmoud, dans des affaires de corruption ainsi que pour une série d’articles faisant état d’une pénurie de carburant et de pain. Seule une notification orale décrétant la suspension du journal a été faite par la police. Al-Jareeda est régulièrement la cible de telles mesures d’intimidation. Les exemplaires du quotidien du 1e décembre 2013, du 11, du 22 et du 24 janvier 2014 avaient déjà été saisies à l’imprimerie. En septembre 2013, les copies du journal avaient été confisquées par deux fois.
Depuis 2012, le Soudan occupe la 170e place sur 179 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières.
Photo : un kiosque à journaux à Khartoum, AFP/Ashraf Shazly
Publié le
Updated on
20.01.2016