L'ancien policier Guillermo Wapile a été condamné le 29 novembre à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du journaliste Edgar Damalerio (photo). Reporters sans frontières salue le courage de la veuve et du principal témoin qui, malgré les risques, ont permis cette victoire dans la lutte contre l'impunité.
Le 29 novembre 2005, l'ancien policier Guillermo Wapile a été condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du journaliste Edgar Damalerio. Trois ans et demie après les faits, la justice a enfin enfin franchi une étape importante dans cette affaire marquée par l'assassinat de trois témoins et l'impunité totale pour les commanditaires.
Reporters sans frontières tient tout d'abord à saluer l'immense courage de Gemma Damalerio, l'épouse du journaliste, et d'Edgar Ongue, le principal témoin du crime. « Sans eux et la détermination du journaliste Edgar Amoro, autre témoin lui-même assassiné en février 2005, ce crime serait resté impuni comme des dizaines d'autres aux Philippines, a déclaré Reporters sans frontières. La lourde condamnation de ce criminel longtemps protégé par sa hiérarchie est une victoire, mais elle ne doit pas éclipser l'effroyable impunité qui règne dans le pays. Il est très regrettable que l'enquête et le procès se soient limités à l'assassin, sans jamais chercher à identifier les commanditaires du crime. »
Le 29 novembre dans l'après-midi, la cour régionale de Cebu (Sud) a condamné à la réclusion à perpétuité (trente ans de prison ferme) Guillermo Wapile pour l'assassinat d'Edgar Damalerio, directeur du Zamboanga Scribe et journaliste de la radio dxKP à Pagadian (île de Mindanao, Sud). L'ancien policier, défendu par plusieurs avocats, plaidait non coupable.
Gemma Damalerio, son épouse, a déclaré à Reporters sans frontières : « Presque quatre ans après le meurtre de mon mari, nous avons enfin gagné en justice. C'est une victoire de tous ceux aux Philippines et dans le monde qui ont défendu Edgar Damalerio. » La veuve du journaliste a été nominée pour le prix Reporters sans frontières 2005 dans la catégorie des « Défenseurs de la liberté de la presse. »
Lors de la lecture du verdict de 12 pages, le juge a souligné l'importance du témoignage d'Edgar Ongue, présent lors du crime. La cour, sous la présidence de Ramon Codilla, a rejeté les faux témoignages de plusieurs proches de Guillermo Wapile, notamment des policiers, venus le défendre.
Depuis l'assassinat d'Edgar Damalerio, le 13 mai 2002, à Pagadian, la famille du journaliste et les témoins ont vécu dans la peur, victimes de multiples tentatives d'assassinat. Le 2 février 2005, Edgar Amoro, journaliste et ami d'Edgar Damalerio, était abattu en pleine rue dans Pagadian. Un autre témoin, Jury Ladica, avait été éliminé en août 2002.
A Pagadian, la police n'a rien fait pour identifier les complices et les commanditaires de Guillermo Wapile. Ainsi, Asuri Hawani, l'officier de police qui n'a cessé de protéger son ancien subalterne, est récemment devenu conseiller pour la sécurité du maire de Pagadian. Par ailleurs, l'enquête sur l'assassinat d'Edgar Amoro n'a pas progressé malgré les engagements du ministre de la Justice, Raul M. Gonzalez, auprès de Reporters sans frontières.